Par ordre Chronologique 1917
Bismarck décrit les conditions du peuple Allemand et informe que la guerre se terminera bientôt
Otto von Bismarck - reçu par James Padgett le 27 Décembre 1917, Washington, USA.
C’est moi, Bismarck. 1
Si cela vous convient, j’aimerais écrire quelques lignes, ce soir, en référence à la guerre et aux perspectives de sa fin. Je m’appelle Bismarck et comme je ne vous ai pas écrit depuis un certain temps sur le sujet, j’ai pensé qu’il serait bon d’écrire quelques mots.
Comme je vous l’ai dit dans ma dernière communication, la cause de la fin de la guerre ne sera pas une bataille décisive mais la condition déplorable du peuple allemand et des conditions alliées, et ce que j’ai dit ensuite, je le répète avec une insistance renouvelée, car depuis que j’ai écrit, les conditions de ces gens, qui sont affamés et privés de ces réalités qui font que la vie vaut la peine d’être vécue, ont considérablement augmenté sans perspectives d’amélioration tant que la guerre se poursuit.
L’empereur et ses collaborateurs se sont efforcés, par toutes les fausses déclarations qu’ils ont pu faire, de convaincre le peuple que la guerre se terminerait bientôt par la victoire de la patrie, que très bientôt ils seraient soulagés de la détresse et de la famine, et que la paix et la chance leur reviendraient bientôt. Et c’est avec une remarquable crédulité que ces gens ont cru leurs représentants et se sont efforcés de supporter toutes ces privations et ces épreuves avec patience et confiance. Mais le temps est venu où cette foi et cette espérance ont été ébranlées et, dans de nombreuses régions d’Allemagne et d’Autriche, les gens ont pris conscience que cette paix et ce soulagement de leur condition déplorable ne sont pas plus proches maintenant qu’il y a quelques mois et que les promesses des dirigeants et des partis militaires sont moins certaines. En conséquence, le mécontentement est apparu et le désir de sauver et de sécuriser la vie de la nation s’est transformé en un désir de préserver et de sauver de la faim et de la destruction les travailleurs individuels de cette nation.
Ce sentiment est devenu tellement ancré chez nombre de ces personnes qu’elles commencent à réfléchir et à penser qu’elles sont sacrifiées pour faire avancer les plans et les ambitions de leurs dirigeants et qu’elles ne sont donc pas, en tant qu’individus, prises en considération par ces dirigeants dans la conduite de leurs pensées et de leurs projets. La famine est répandue dans le pays et le désespoir a pris la place de l’espoir chez beaucoup de ces gens. Il s’insinue alors lentement, dans l’esprit de beaucoup, la pensée qu’ils doivent s’éveiller et prendre eux-mêmes en main le contrôle des affaires. Il ne faut donc pas s’étonner d’entendre à tout moment que le peuple s’est révolté et que le pouvoir des habitants a été renversé, répulsion du mouvement de la Russie, bien que contrôlé et guidé par des hommes plus intelligents et plus responsables.
Oui, la fin de cette guerre arrive et le peuple va gouverner, et ce faisant, il établira de meilleures conditions de paix avec les Alliés. Encore un peu de temps et vous verrez l’accomplissement de mes prédictions. Aucune grande bataille sur le front occidental ne sera menée comme le monde l’attend maintenant, car l’armée allemande du Kaiser sera alors devenue l’armée du peuple, et beaucoup abandonneront la ligne de front et retourneront chez eux et dans leurs fermes et maisons dévastées.
Tout cela est tellement triste lorsque je pense à ce que deviendra l’Allemagne et à ce qu’elle aurait pu être si le Kaiser fou et l’ensemble de ses conseillers ambitieux n’avaient pas laissé leur ambition démesurée s’envoler au détriment de leur devoir et leur obligation envers les véritables intérêts de l’Allemagne.
Comme je l’ai déjà dit, le Kaiser va mourir, ses partisans vont mourir ou être dispersés et leurs noms et leurs actes horribles deviendront le sombre souvenir des réalités qui ont détruit la vie nationale et la vie individuelle de nombreux hommes, jeunes ou moins jeunes et porteurs d’avenir pour la patrie. Si j’étais le Bismarck d’il y a peu de temps, cette calamité qui affecte ma nation m’inquiéterait, me ferait regretter et déplorer le jour où le garçon fou a succédé à son bon père sur le trône. Cependant, maintenant, je vois ces réalités sous un jour nouveau et je vois que de toutes ces calamités naîtra une Allemagne plus heureuse et un peuple libre et non soumis aux liens de fer d’un homme ou d’une famille, avec des droits supposés et proclamés être donnés par Dieu. Oui, l’Allemagne souffrira et déclinera en tant que puissance mondiale, mais à la place de cette puissance, et de ce désir insatiable de croissance et d’agression succéderont la paix et le bonheur et un plus grand développement spirituel parmi le peuple.
Eh bien, j’ai assez écrit et l’écriture est figée. Il n’est pas possible d’échapper à sa prédiction. Bientôt, bientôt, très bientôt, la fin viendra et avec elle le salut de plusieurs de nations plutôt que d’une seule. 2
Je ne suis pas un prophète, cependant la loi de cause à effet fera en sorte que les individus comme les nations seront ébranlés. Comme je peux voir les causes qui agissent, je peux aussi voir les effets qui doivent suivre. La consécration sera que l’Allemagne doit sombrer, pour ne plus jamais se relever comme étant la grande nation qu’elle a été dans le passé, mais comme une nation plus pure, plus heureuse et plus aimante que jamais. Je n’écrirai pas plus. Les vies américaines ne seront pas en grand nombre sacrifiées, car les grandes batailles de la guerre ont été livrées.
Bonne nuit, votre ami, Bismarck.
Bismark (1er Avril 1815 - 30 Juillet 1898)- premier chancelier du nouvel Empire allemand de 1871 à 1890.↩ Les principaux messages relatifs à la première guerre mondiale sont disponibles par l’intermédiaire de ce lien.↩