Par ordre Chronologique 1916
Robert Ingersoll décrit ses progrès et ses difficultés pour changer les vues de ses disciples
Robert Ingersoll - reçu par James Padgett le 24 Avril 1916, Washington, USA.
C’est moi, Robert G. Ingersoll.
Je suis venu ce soir pour vous faire part de mes progrès depuis la dernière fois que je vous ai écrit. Vous vous souviendrez que je vous avais déclaré ma conversion au Christianisme – je veux dire au vrai Christianisme de Jésus et à la foi en l’Amour Divin du Père. Depuis lors, j’ai prié et cherché cet amour et la foi qui l’accompagne, et maintenant j’ai progressé de telle sorte que je me trouve dans la troisième sphère, où je trouve une beauté et un bonheur que je n’avais jamais imaginés sur terre ou depuis mon arrivée dans le monde des esprits.
Je sais maintenant ce que Jésus a voulu dire lorsqu’il a dit : Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures, car j’en ai une qui est très belle et très grande, remplie de tout ce qui peut me rendre heureux et satisfaire les désirs de mon cœur. J’ai tellement de livres que je ne trouve pas le temps de les lire ; et tous les équipements de ma maison sont tellement beaux et satisfaisants à l’œil, ainsi que confortables. Mais par-dessus tout, il y a le bonheur qui vient de la possession de cet Amour Divin du Père qui est pour moi la plus merveilleuse révélation et réalité de toute mon expérience, que ce soit sur terre ou dans le monde des esprits.
Je pense maintenant avec regret à mes années d’enseignements erronés sur terre, et à mon incapacité à rechercher et à connaître, au moins en partie, les grandes vérités d’une vie continue et l’existence de Dieu. Lorsque je compare mes croyances d’alors et mes connaissances d’aujourd’hui, mon bonheur d’alors et mon bonheur d’aujourd’hui, je me rends compte qu’en tant que mortel, j’étais très ignorant et très malheureux. Je sais que Jésus est le chemin vers l’immortalité et la vie éternelle et vers le vrai bonheur toujours croissant, et que les adeptes de ses enseignements des vérités du Père ne seront jamais déçus dans leurs attentes.
Mon travail consiste maintenant à aider les mortels, et les esprits aussi, qui lisent et croient mes livres et qui, par conséquent, perdent l’occasion d’apprendre les vérités et le chemin de l’Amour du Père ; et un très grand nombre de mes disciples vivent sur terre et beaucoup sont devenus des esprits. Je les cherche, et lorsque je les trouve, je leur parle de mes grandes erreurs et j’essaie d’orienter leurs pensées vers le vrai chemin pour devenir des enfants de Dieu rachetés. Mon travail est continu, et parfois décevant, car lorsque je viens voir certains esprits et que j’essaie de leur parler de mes nouvelles croyances et de la connaissance de mon erreur, ils se demandent pourquoi je ne me tromperais pas également dans mes nouvelles croyances ; et le résultat est que j’ai du mal à convaincre certains d’entre eux des vérités que j’essaie de leur enseigner.
Cependant, comme j’ai semé les graines des croyances pernicieuses et fausses alors que j’étais un mortel, je suis maintenant obligé de déraciner ces graines et de planter à leur place les graines de la vérité. Et je ne peux pas vous dire à quel point je suis heureux lorsque l’un de mes adeptes égarés se débarrasse de ses anciennes croyances et accepte mes nouveaux enseignements, mais à quel point je suis malheureux lorsqu’ils me disent que, comme ils ont cru ce que je leur ai enseigné sur terre et ont été satisfaits, ils préfèrent maintenant, dans leur vie spirituelle, conserver la même croyance qui les satisfaits. Et comme ils restent dans cette condition de croyance, ils restent dans l’obscurité et le malheur, et moi, sachant que je suis la cause de leur obscurité et de leur malheur, je suis aussi malheureux et toujours à la recherche de quelqu’un qui acceptera mes enseignements de vérité. Ainsi, je réalise pleinement la signification de « Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. »
Mais c’est mon travail, et vous devez savoir qu’il est auto-imposé, car je vois que tant que je n’aurai pas éliminé les maux que j’ai enseignés et engendrés, je ne pourrai pas être aussi heureux et progresser aussi rapidement que je le souhaite. Et je veux ajouter que lorsque je parviens à convaincre l’un de mes disciples de la vérité, je l’engage dans ma cause de correction et il travaille avec moi, car aucun esprit ne comprend aussi bien le sens de l’erreur que celui qui s’est un jour laissé aller à cette même erreur, comme je l’ai certainement fait.
Je n’écrirai pas plus longtemps ce soir, sauf pour dire à tous ceux qui ont entendu parler de moi, qui ont lu mes livres et se sont imprégnés de mes croyances, que je suis un Chrétien, un disciple de Jésus-Christ, et un croyant, avec la connaissance, de l’Amour Divin du Père. Oui, lorsque je vous ai dit cela, j’ai vraiment cru ce que j’ai dit, et j’ai vraiment eu pitié de votre ignorance ; mais je veux maintenant vous assurer avec gratitude que cette conversation a été le moyen de me lancer dans la progression vers la connaissance de la vérité et l’acquisition de cet Amour Divin. Oh, j’étais très ignorant, et avec cela je réalise maintenant qu’il y avait beaucoup de fierté dans ma propre opinion, car je pensais que mes facultés de raisonnement, et mes recherches dans les faits du passé religieux, m’avaient procuré une connaissance qui ne pouvait pas être contredite ou dépassée. Alors mon frère, vous voyez maintenant que la vérité est la vérité, et que peu importe si les mortels l’apprennent ou la comprennent, elle reste la vérité et ne changera jamais. En vous remerciant de votre gentillesse, je vous souhaite une bonne nuit.
Votre frère dans le Christ, R. G. Ingersoll.