Par ordre Chronologique 1915 - Deuxième Partie

Perry, un vieil ami de M. Padgett a écrit au sujet de son suicide et de sa condition dans l’obscurité

Ross Perry - reçu par James Padgett le 1 Octobre 1915, Washington, USA.

Je suis votre défunt ami, Perry.

Je veux vous dire que je suis dans un état de grandes ténèbres et de souffrance, et que je ne peux trouver un moyen de sortir des ténèbres ou de me libérer de mes tortures.

Je sais que vous pouvez trouver étrange que je n’aie pas écouté M. Riddle lorsque vous l’avez mis en relation avec moi il y a peu de temps 1, mais je n’ai pas pu croire ce qu’il m’a dit, ni comprendre de quelle manière les ténèbres me quitteraient en priant simplement Dieu et en essayant de croire que l’Amour Divin existe. Si seulement je pouvais avoir la foi, en ce qu’il m’a dit, devenir suffisamment fort pour me faire oublier les souvenirs de mon terrible acte.

J’ai vu qu’il était un esprit extraordinairement brillant et qu’il semblait si heureux dans sa condition de croyance, mais, néanmoins, je n’ai pas pu croire que c’était le résultat de ce qu’il me disait et, ainsi, je suis dans le même état que lorsque je vous ai écrit la dernière fois.

Mon ami, pour une telle chose, je crois que vous êtes (extrêmement bon et généreux?) sinon vous ne seriez pas en mesure de vous intéresser à moi comme vous l’avez fait. Je veux vous dire que si seulement je pouvais à nouveau me tirer une balle et ainsi mettre fin à mon existence, c’est-à-dire anéantir mon esprit et mon âme, pour qu’ils entrent dans le néant, j’appuierais volontiers, et rapidement, sur la détente et enverrais la balle à cet endroit pour obtenir l’effet voulu.

Mais je réalise maintenant que je dois continuer à exister et à souffrir pendant combien de temps je ne sais pas, mais il me semble que ce sera pour l’éternité. Oh, pourquoi ai-je fait une telle chose ! Je n’avais pas de raison de prendre ma vie pour ce qui est des choses terrestres, car je n’avais besoin de rien de matériel pour rendre la vie satisfaisante.

[Question ?]

Eh bien, je vais vous le dire. Comme vous le savez peut-être, j’étais, comme je le pensais, une sorte de philosophe sur terre, et pour moi la vie était une chose à retenir ou à différer, selon que je pensais qu’elle avait servi, ou non, son but. Et lorsque j’ai eu le sentiment que je ne pouvais plus apporter aucun bien particulier au monde ou à ceux qui étaient près de moi, j’ai pensé qu’il n’y avait aucune raison pour que je continue cette vie qui était, dans un certain sens, monotone. En outre, je sentais que j’étais arrivé au sommet de mes pouvoirs mentaux, et qu’ils étaient en déclin ; et la pensée que je devais diminuer ce que j’avais tant cherché à cultiver et à montrer à mes connaissances, me fit croire que j’avais accompli l’objet de ma création, et que je deviendrais peu à peu, non seulement un fardeau, mais une personne à regarder avec une sorte de pitié qui me rendrait malheureux.

Que les autres me montrent du doigt et me disent : « Voici le pauvre Perry qui était un homme si brillant et si capable, et qui n’est plus, intellectuellement, qu’une épave de lui-même. N’est-il pas dommage qu’un tel homme se retrouve dans l’état dans lequel il se trouve ? »

Ce sont quelques-unes des pensées qui m’ont traversé l’esprit ; et, en outre, comme je vous l’ai dit, je pensais que la mort était la fin de tout, et que dans la tombe je ne saurais rien, et je dormirais dans l’oubli total.

Ces pensées, je m’en suis nourri peu de temps avant de décider de mourir, et plus je pensais que j’étais grand, plus ma condition devenait grande, et plus ce que j’avais dit s’avérait vrai. Juste avant de tirer le coup fatal, j’ai pensé intensément à toutes ces choses, et j’ai vu que ce que je supposais être la fin de tout était la vraie solution de la décrépitude de la vie et de la décrépitude mentale aussi bien que physique. Et lorsque je me suis préparé à commettre l’acte, je n’ai jamais été aussi calme de toute ma vie. Je n’ai pas eu besoin de courage car la conviction de l’exactitude de mes conclusions était si forte que la question du courage ne faisait pas partie de l’équation.

Les hommes peuvent penser que le courage est une nécessité pour se suicider, mais, je vous le dis, je crois que le courage ou le manque de courage ne fait pas partie de l’état d’esprit d’un homme lorsqu’il commet cet acte. L’esprit tire ses propres conclusions quant à la nécessité, ou à l’opportunité, d’accomplir l’acte, et toute autre considération, ou raison, est ignorée. Le suicidé n’est pas, en général, au moment de l’acte, un lâche. Je n’ai aucun doute cependant qu’en lui rappelant l’état d’esprit dont j’ai parlé, c’est-à-dire le sentiment que les fardeaux de la vie sont trop grands, ou qu’il ne peut plus supporter les choses que le devoir lui demande de faire, il peut être, et est souvent un lâche. Je ne dois pas écrire plus sur ce thème maintenant. Je suis plus intéressé à trouver un moyen, si possible, de sortir de cette intense obscurité et de cette souffrance.

Je n’ai pas vu M. Riddle depuis mon premier entretien et je ne pense pas qu’il me serait bénéfique de le voir, parce que, d’une part, les grands contrastes de nos conditions ne font qu’intensifier mes souffrances et, d’autre part, je préfère rester seul, ou entre esprits comme moi.

Vous savez que, sur terre, les pauvres sont beaucoup plus heureux avec les pauvres qu’en compagnie des riches, et cela à cause du plus grand bonheur apparent de ces derniers. Et il en est ainsi avec moi, lorsque je vois Riddle dans son bonheur, je sens que ma misère est la plus grande.

Non, je n’ai pas vu votre grand-mère à l’époque et je ne la connais pas maintenant. Mais pourquoi cette question ?

Eh bien, si ce que vous dites est vrai, j’aimerais beaucoup la rencontrer et l’écouter, et si vous me dites comment je peux la rencontrer, je ferai l’effort. Je profiterai certainement de votre invitation et je serai avec vous ce soir, et j’espère rencontrer votre grand-mère. Comme je souhaite que je puisse trouver ce que vous me dites et ressentir les influences dont vous parlez ! Oh, pour une telle consommation ! Mon cher ami, si ce que vous me promettez se réalise, je ne cesserai jamais de vous remercier pour votre bonté et votre aide.

Je suis étonné de ce que vous dites, car je n’ai jamais vraiment cru en Jésus lorsque vous me parliez de lui. Je ne pouvais pas, lorsque j’étais sur terre, croire en lui en tant que Dieu, et je pensais qu’il était vraiment un idéal de l’esprit humain progressiste, et que, quant à son existence historique ou terrestre réelle, c’était une simple fable. Mais, maintenant, vous me dites qu’il existe vraiment et qu’il travaille dans le monde des esprits pour aider les esprits déchus et ténébreux, et qu’il vient vers vous et vous parle de son amour et de son travail. Eh bien, je ne dirai pas que je ne peux pas vous croire, mais je préfère attendre de le voir moi-même, et s’il m’apparaît comme vous le dites, je serai prêt à croire ce que Riddle m’a dit sur la prière et l’Amour Divin. Comme tout cela est merveilleux !

Vous me surprenez de plus en plus. Bien sûr, j’ai connu Ingersoll et j’ai beaucoup lu ses conférences, et j’étais en accord avec lui sur certaines choses, mais lorsque vous me dites qu’il est maintenant un croyant en Dieu et en Jésus, et qu’il s’est converti au Christianisme, vous puisez encore très fortement dans ma crédulité ; et je crains que si ce que vous me dites est vrai, je vois tellement de choses surprenantes que je saurai à peine si je suis un esprit d’enfer ou non.

Je lui demanderai de me parler de sa conversion et je l’écouterai attentivement et essaierai de croire ce qu’il me dira ; cependant, lorsque vous le décrivez comme vous le faites, en le comparant à Paul, je suis plus déconcerté que jamais.

Dites-moi, quel genre d’homme êtes-vous pour savoir toutes ces choses ? Je ne vous comprends pas. Sur terre, je vous considérais simplement comme les autres, mais maintenant je découvre que vous savez des choses, que je n’aurais jamais pensé qu’un mortel puisse savoir.

[Questions et réponses :]

Eh bien je vais d’étonnement en étonnement avec ce tout que vous dites pour m’aider et me conduire à la lumière. Oui, c’est ce que je veux, la lumière. Attendez seulement jusqu’à ce que j’ai eu ces expériences que vous me promettez, et je viendrai à vous et je vous écrirai une lettre que vous allez vous lasser de recevoir. Je dois arrêter maintenant, car vous devez être fatigué et je le suis.

C’est pourquoi, mon cher ami, permettez-moi de vous dire que je vous remercie de tout mon cœur et que j’espère que je pourrai revenir vers vous et vous dire que, ce que vous m’avez promis, je l’ai reçu.

Votre ami, R. Ross Perry.

  1. Il semble que cela se soit produit le 28 Juillet 1915, mais que ce message n’ait pas été publié.