Par ordre Chronologique 1915 - Première Partie
Bismarck n’est pas d’accord avec ce que Lafayette vient d’écrire sur l’empereur Allemand, mais prétend que la guerre lui a été imposée et a bien sûr fait une mauvaise prédiction quant à son issue
Otto von Bismarck - reçu par James Padgett le 1 Août 1915, Washington, USA.
Je suis Bismarck. 1
Laissez-moi vous dire un mot. J’ai vu ce que Lafayette a écrit et je ne suis pas d’accord avec lui sur les deux propositions.
L’Empereur Allemand n’a pas déclenché cette guerre comme l’a dit le Français, mais elle lui a été imposée. Il a vu que non seulement la France, mais aussi l’Angleterre, essayaient de détruire la grande entreprise commerciale que l’Allemagne avait construite, et que s’il ne déployait pas des moyens pour prévenir les efforts de ces nations, l’Allemagne perdrait son prestige commercial et devrait se soumettre aux ordres de ses concurrents. En bon Empereur et homme politique, il a frappé le premier coup – fort et rapide – et si ce n’avait pas été de la Belgique il aurait atteint Paris et aurait atteint son but. Mais cette petite nation de dentellières, comme nous les appelions, a montré que, en cas d’invasion, elle pouvait se battre, et elle l’a fait ; et, malgré le fait que je sois un Allemand, dont les sympathies et les désirs sont avec les Allemands, j’ai admiré la manière dont ces Belges ont combattu. Si la France avait eu de tels combattants, les Allemands auraient quitté ce pays depuis longtemps, et le territoire Allemand aurait été envahi. Mais c’est du passé, et l’Allemagne est toujours en France et y restera, malgré les efforts que la France et l’Angleterre pourront faire pour les chasser.
La fin de la guerre n’est pas encore arrivée et, avant cette fin, Paris succombera et les conditions de la paix seront dictées par les Allemands victorieux. La France perdra un territoire, l’Angleterre paiera une indemnité et fera de telles concessions à l’Allemagne que son commerce sera établi et s’étendra à un tel point que son pays sera, en tant que nation commerciale, sans rival.
L’Allemagne ne cessera pas d’être un empire – un empire plus fort et plus grand que jamais. Guillaume ne vivra pas longtemps après la fin de la guerre, mais un de ses fils occupera le trône et sa famille régnera pendant des années. Elle ne deviendra pas une république, même si je sais que les socialistes feront de gros efforts pour y parvenir, mais ils échoueront.
Je vous dis donc que l’esprit français se trompe et qu’il découvrira son erreur avant que de nombreux mois ne se soient écoulés. Je ne sais pas quelles sont les causes qu’il imagine voir, mais s’il voyait les vraies causes, il tirerait, comme moi, des conclusions différentes.
Je suis Bismarck et je suis avec l’Armée Allemande essayant de montrer à ses généraux la manière d’accomplir leurs objectifs. Je ne dois pas écrire plus.
Je vis dans la seconde sphère et j’essaie de trouver le bonheur, mais cette guerre interfère avec mon bonheur et mon progrès.
Eh bien, je vous ai vu écrire, et j’ai vu Washington et Lafayette s’engager dans l’écriture, je me suis arrêté pour écouter, je me suis intéressé à la fois à l’écriture et au sujet, et, lorsque Lafayette a écrit comme il l’a fait, j’ai décidé de donner mon avis, et donc j’ai écrit.
Excusez mon intrusion, mais j’ai juste estimé nécessaire d’exprimer ce que je pense de la guerre.
Je ne prendrai pas plus de votre temps.
Donc, avec mes amitiés, je suis votre ami, Bismarck. 2
Otto Eduard Léopold, prince de Bismarck, duc de Lauenburg (1er Avril 1815 – 30 Juillet 1898), connu sous le nom d’Otto von Bismarck, était un homme d’État prussien conservateur qui domina les affaires allemandes et européennes des années 1860 à 1890. Dans les années 1860, il a organisé une série de guerres qui ont unifié les États Allemands (à l’exclusion de l’Autriche) en un puissant Empire Allemand sous la direction Prussienne. En 1871, il utilisa habilement la diplomatie de l’équilibre des forces pour préserver l’hégémonie Allemande dans une Europe qui, malgré de nombreux conflits et les craintes de la guerre, resta en paix. Pour l’historien Eric Hobsbawm, c’est Bismarck qui « resta champion du monde incontesté aux échecs diplomatiques multilatéraux pendant près de vingt ans après 1871,[et] se consacra exclusivement, et avec succès, au maintien de la paix entre les pouvoirs ». (Source : Wikipédia)↩ L’ensemble des messages relatifs à la première guerre mondiale sont disponibles par l’intermédiaire de ce lien.↩