Par ordre Chronologique 1915 - Première Partie

Lois du monde spirituel

Professeur Salyards - reçu par James Padgett le 13 Avril 1915, Washington, USA.

C’est moi, professeur Salyards.

Eh bien, je suis ici comme j’en ai convenu, et je vais m’efforcer de t’écrire mes pensées sur le sujet : « Que peuvent savoir les esprits sur les lois du monde des esprits bien qu’ils soient dans ce monde depuis peu ? »

Comme tu le sais, je suis ici depuis relativement peu de temps, et bien que mes études aient été dans une large mesure consacrées à l’étude de ces lois, je constate que je n’en ai qu’une connaissance limitée. La plupart de mes informations proviennent d’autres esprits qui ont vécu ici pendant de nombreuses années et qui ont consacré leur étude et leurs recherches à ces lois.

Eh bien, je veux d’abord dire qu’aucun esprit, par le simple fait d’être ici depuis peu de temps, ne peut bénéficier d’une plus grande connaissance que celle qu’il avait lorsqu’il était sur terre.

Ma connaissance des lois spirituelles, lors de ma vie terrestre, n’était pas très étendue, et j’ai trouvé, lorsque je suis arrivé dans le monde des esprits, que je n’en savais pas beaucoup plus qu’avant ma venue ; et que telle est l’expérience de tout esprit. Mais, à mesure que j’ai continué à étudier ces questions, j’ai découvert que ma capacité d’apprendre s’était largement accrue et que mon esprit était plus plastique et recevait cette connaissance plus facilement que lorsque j’étais mortel. Ceci est en grande partie dû au fait que le cerveau, je veux dire le cerveau mortel, est, comparé à ce que l’on pourrait appeler le cerveau spirituel, une chose de qualité bien inférieure, et n’est pas capable d’apprendre la cause et l’effet des phénomènes.

Je suis actuellement en train de suivre un programme d’études qui, je n’en doute pas, me donnera de merveilleuses informations sur ces lois, afin que je devienne finalement ce que vous, mortels, pourriez appeler un homme instruit. La première et, pour moi, la loi la plus importante que j’ai apprise est que l’homme continue à vivre dans le monde des esprits sans son corps terrestre. Cette grande loi, qui pour toi et pour beaucoup d’autres est bien connue et est un fait établi, m’était pourtant inconnue, car je n’avais jamais eu d’expérience spirituelle et je n’avais jamais étudié le sujet.

Lorsque je suis arrivé dans le monde des esprits, j’ai appris que cette loi est l’une des vérités de Dieu, qu’elle est fixe et qu’elle ne changera jamais, car tous survivront au changement de ce que l’on appelle la mort. La prochaine grande loi que j’ai apprise est qu’aucun homme ne peut, par ses propres efforts, améliorer sa condition ou sa position dans le monde des esprits, juste comme il voudrait et où il voudrait. Il y a une autre vérité fixe, que beaucoup d’esprits ne comprennent même pas complètement ; car ils pensent, ou expriment l’idée, qu’ils n’ont qu’à exercer un peu leur volonté et qu’ils pourront ainsi s’éloigner de certaines conditions. Mais ce n’est pas vrai, car la loi qui régit cela ne permet jamais d’exceptions dans ses opérations.

L’homme ou l’esprit peut, d’une certaine manière, déterminer ce que peut être son destin, mais une fois fixé par cette grande puissance de volonté que Dieu a conférée à l’homme, il ne peut, par l’exercice de celle-ci, changer cette condition fixée jusqu’à ce que les lois de compensation aient été satisfaites. Et même alors le changement n’est pas provoqué par l’exercice de sa volonté, mais par l’application des lois qui le libèrent des souvenirs et de sa mémoire qui le retiennent dans les conditions dans lesquelles sa vie l’a placé. Ainsi, lorsque les hommes pensent qu’ils peuvent, par l’exercice de leur propre volonté, se libérer d’une condition qu’ils ont créée pour eux-mêmes, ils se trompent.

Beaucoup d’esprits ici ont cette idée, et croient que s’ils choisissaient de ne pas se souvenir de ce qu’ils ont vécu , ils pourraient se soulager de leur condition assombrie et obtenir des conditions plus heureuses. Mais étrangement, ils n’essaient jamais cela et la raison est donc évidente. Ils ne le pourraient pas s’ils essayaient, et ne le feront pas parce qu’ils ne le peuvent pas. Et pourtant, ils pensent que lorsqu’ils seront prêts, ils n’auront qu’à exercer cette volonté et le changement suivra. Non, cette loi est aussi fixe que n’importe quelle loi de ce grand univers de Dieu.

Bien entendu, bien que l’homme ou l’esprit ne peut pas, par l’exercice de sa volonté, changer sa condition, cependant, pour obtenir ce changement, il faut exercer la volonté, parce que l’aide qui vient de l’extérieur, qui est absolument nécessaire à l’homme et qui provoque le changement, ne viendra que si l’homme exerce la volonté par son désir et sa demande.

Ainsi, l’homme ne peut pas penser pas qu’il est son propre sauveur, parce qu’il ne l’est pas ; si l’aide ne venait pas de l’extérieur, il ne serait jamais sauvé de la condition dans laquelle il se trouve, lorsqu’il arrive dans le monde des esprits. Vous entendez dans vos cercles spirituels et vous lisez dans les publications sur le spiritisme que la progression est une loi du monde spirituel. Eh bien, c’est vrai ; mais cela ne signifie pas qu’un esprit par le simple fait d’être dans le monde des esprits progresse nécessairement, mentalement ou spirituellement, car ce n’est pas vrai. Beaucoup d’esprits qui sont ici depuis des années ne sont pas en meilleure condition que lors de leur arrivée dans le monde spirituel.

Toute progression dépend de l’aide qui vient de l’extérieur du mental ou de l’âme de l’homme. Bien sûr, lorsque cette aide arrive, l’homme doit coopérer, mais sans cette aide, il n’ y aurait rien avec qui coopérer et aucun progrès ne pourrait être fait. Beaucoup de spiritualistes font cette grande erreur lorsqu’ils parlent ou écrivent sur ce sujet. Mais qu’ils sachent que si un homme dépend exclusivement de ses propres pouvoirs, il ne progressera jamais. Et cette loi ne s’applique pas seulement au progrès de l’âme, dont tu as si souvent entendu parler, mais également au progrès du simple mental, tout comme à ce que l’on pourrait appeler les qualités purement morales. Mon observation, et les informations que j’ai recueillies auprès des autres esprits que j’ai mentionnés, confirment la véracité de ce que j’ai dit : l’homme, de lui-même, ne peut pas s’élever mentalement ou moralement, et le plus tôt il apprend ce fait, le mieux ce sera pour lui.

Une autre loi du monde des esprits est que lorsqu’un esprit commence à progresser, cette progression augmente de façon géométrique, comme nous le disions lorsque nous enseignions sur terre.

Dès que la lumière pénètre dans l’âme ou le mental d’un homme, qu’il commence à voir qu’il y a un moyen pour lui d’atteindre des choses supérieures et de connaître une plus grande expansion de son esprit ou de son âme, il découvrira que son désir de progresser augmentera au fur et à mesure que cette progression se poursuivra. Avec ce désir viendra une aide dans une telle abondance qu’elle ne sera limitée que par le désir de l’esprit. Sa volonté devient alors une grande force dans sa réussite à progresser et à travailler en conjonction avec l’aide qui la rend opérationnelle. Elle devient une puissance merveilleuse et une force irrésistible.

Cette progression peut être illustrée par l’histoire de la boule de neige qui a commencé à rouler du haut d’une colline. En continuant sa descente, non seulement sa vitesse augmente, mais elle élargit continuellement sa forme et son corps par la neige extérieure qui s’attache à elle. Ainsi, avec le mental ou l’âme d’un esprit : en s’élevant, il devient non seulement plus rapide dans son essor, mais il rencontre cette aide extérieure dont je parle et qui s’attache à l’esprit et, pour ainsi dire, en fait partie.

Donc tu vois que le grand problème est de commencer ; et ce principe s’applique aussi bien aux mortels qu’aux esprits, parce que si le commencement est fait sur terre, le simple fait de devenir un esprit ne stoppera pas ou n’interférera en aucune façon avec le progrès de l’âme de cet esprit. Bien sûr, cela signifie qu’il faut prendre un bon départ. Si le début est faux ou basé sur d’autres choses que la vérité, au lieu que le progrès continue lorsque l’homme devient un esprit, il peut y avoir un retour en arrière, et un nouveau départ doit alors être fait, pour se mettre sur la bonne voie.

Et cela s’applique aussi bien au progrès de l’esprit qu’au progrès de l’âme. Le mental d’un mortel apprend beaucoup de choses qui lui paraissent être la vérité et qui, à son avis, doivent conduire au progrès et à une plus grande connaissance. Mais, lorsque la vie terrestre cède la place à la vie spirituelle, ce mental peut trouver que sa base de connaissance était erronée, que continuer dans la voie initialement choisie conduirait à une erreur accrue ; et, par conséquent, un nouveau départ doit être pris. Et, souvent, le retour de ce mental, sur le parcours qu’il avait suivi et l’élimination des erreurs qu’il avait embrassées, est plus difficile et prend plus de temps à accomplir que l’apprentissage de la vérité ne le fait après que l’esprit ait pris son bon départ.

Ainsi, parfois, l’esprit de la grande érudition (selon les normes de l’éducation terrestre) est plus nuisible, et retarde plus le progrès de cet homme dans les voies et l’acquisition de la vérité, que l’esprit qui est, comme vous pourriez le dire, vierge ; c’est-à-dire, sans idées préconçues de ce que la vérité est sur un sujet particulier.

Cette malheureuse expérience est davantage présente en matière de religion que dans tout autre domaine, parce que les idées et les convictions qui sont enseignées et possédées sur ces questions religieuses touchent innombrablement plus de mortels que les idées et les convictions sur d’autres sujets.

Un esprit qui est rempli de ces croyances erronées, qu’on peut lui avoir enseignées dès son enfance mortelle, et qu’il a encouragées et nourries jusqu’à ce qu’il devienne un esprit, est, parmi tous les habitants de ce monde, le plus difficile à enseigner et à convaincre des vérités relatives aux questions religieuses. Il est beaucoup plus facile d’enseigner l’agnostic, ou même l’infidèle, de ces vérités, que le croyant borné dans les dogmes et les croyances de l’église.

Donc, je dis, que les esprits des mortels doivent être ouverts aux enseignements de la vérité, et même s’ils sont convaincus que ce qu’ils croient être la vérité, cette croyance ne doit pas les empêcher de voir la vérité lorsqu’elle leur est réellement présentée.

Une autre loi est que tous ceux qui savent que la vie dans le monde des esprits continue ne sont pas certains que la continuation de la vie signifie immortalité. Je veux dire par là que le simple fait de vivre en tant qu’esprit ne prouve pas en soi que cet esprit est immortel.

C’est un sujet dont les esprits discutent autant que les mortels, et c’est tout autant une question d’incertitude, que l’immortalité de l’âme telle qu’elle est enseignée parmi les mortels, maintenant et pour tous les âges passés. Alors que les hommes savent que la mort du corps ne signifie pas la mort de l’esprit, et que cet esprit, qui est l’homme réel, continue à vivre avec toutes ses qualités de nature spirituelle, il n’y a jamais eu aucune preuve présentée à l’homme que cet esprit vivra pour toute l’éternité, ou, en d’autres termes, qu’il est immortel.

Je dis cela parce que j’ai lu l’histoire et les croyances de la plupart des nations civilisées du monde, et de certaines d’entre elles non appelées civilisées. Et je n’ai pas pu trouver, dans toutes mes lectures, qu’il n’a jamais été démontré que l’homme est immortel. Bien sûr, beaucoup d’écrivains païens et sacrés ont enseigné cela, mais leurs déclarations étaient toutes basées sur la croyance et rien de plus ; et, je le dis, l’immortalité n’a jamais été démontrée, comme un fait, aux mortels.

Dans le monde spirituel, les esprits, non seulement des sphères inférieures mais aussi des sphères intellectuelles ou morales supérieures, débattent encore de la question entre eux. Je suis informé qu’il y en a quelques-uns qui ont vécu sur la terre il y a plusieurs siècles, et qui sont devenus extrêmement sages et instruits dans la connaissance des lois de l’univers, qui sont devenus si libérés des péchés et des erreurs de leur vie terrestre qu’ils peuvent être appelés des hommes parfaits, et pourtant ils ne savent pas qu’ils sont immortels. Beaucoup d’entre eux pensent qu’ils ne sont que des hommes ou des esprits comme ceux qui furent représentés par Adam et Ève ; ils ne savent pas qu’ils sont moins susceptibles de mourir que ceux qui viennent d’être mentionnés. Et, par conséquent, l’immortalité est une chose qui peut ou non exister pour les esprits aussi bien que pour les mortels.

Je sais que, sur terre, beaucoup de tes amis spiritualistes prétendent que le simple fait que le spiritualisme a démontré la continuité de la vie établit le fait de l’immortalité. Mais quelques instants de réflexion te montreront la fausseté de ce raisonnement.

Le changement est la loi éternelle, à la fois sur terre et dans le monde des esprits, et rien n’existe de la même façon sur une longue durée ; et, lors de la succession de ces changements, comment peut-on assurer que, dans un avenir, proche ou lointain, il n’ y aura pas de changements qui mettront fin à l’existence de l’esprit – l’ego de l’homme. Comment peut-on être certain que l’ego ne prendra pas une autre forme ou n’entrera pas dans une autre condition, de sorte qu’il ne sera plus le même ego, et donc plus le même esprit qui vit maintenant comme une démonstration de la continuité de la vie ? Et ainsi, beaucoup d’esprits, ainsi que des mortels, ne savent pas ce qui est nécessaire pour obtenir, pour avoir la connaissance certaine de l’immortalité.

Mais beaucoup d’autres esprits savent qu’il y a une immortalité pour les esprits qui choisissent de chercher cette immortalité comme Dieu l’a pourvue dans sa grande sagesse et sa providence. Je ne parlerai pas maintenant de cette phase d’immortalité, mais je le ferai plus tard.

Il y a une autre loi qui permet aux esprits de devenir, par la simple opération de leurs affections et de leurs amours naturels, purs et libres des conséquences et des maux de leur vie mortelle, et de redevenir parfaits, comme les premiers parents avant la chute.

Cela ne veut pas dire que la loi de l’indemnisation (compensation) ne fonctionne pas pleinement, et qu’elle n’exige pas le dernier paiement, parce que l’application de cette loi est stricte, et aucun esprit n’est libéré de ses peines, jusqu’à ce qu’il ait satisfait à cette loi.

Comme vous le croyez, et comme beaucoup d’autres mortels le croient, la punition d’un homme, pour les péchés qu’il a commis sur terre, est infligée par sa conscience et ses souvenirs. Il n’ y a pas de punition spéciale infligée par Dieu à un homme en particulier, mais la loi de la punition fonctionne de la même façon pour chaque homme. Si les faits qui conduisent à l’application de cette peine sont les mêmes, cette peine sera la même, qu’elle ait pour objet des personnes identiques ou différentes. Ainsi vous voyez, il n’est pas possible de s’échapper, sur aucun motif de dispensation spéciale, tant que les faits qui appellent à son fonctionnement existent, et que la conscience et les souvenirs de l’esprit ont conscience de ces faits.

Lorsqu’un esprit entre pour la première fois dans la vie spirituelle, il ne ressent pas nécessairement le flétrissement de ces souvenirs, et c’est la raison pour laquelle tu entendras si souvent l’esprit, qui a si récemment quitté sa vie mortelle, assurer à ses amis, ou à ses proches affligés, lors des séances publiques, qu’il est très heureux, et ne voudrait plus connaître la vie terrestre, et des assurances semblables. Mais, au bout d’un certain temps, la mémoire commence à fonctionner, au fur et à mesure que l’âme s’éveille, et ne cesse jamais jusqu’à ce que les pénalités soient payées. Je ne veux pas dire que l’esprit est, nécessairement et continuellement dans un état de tourment, mais substantiellement cela, et le soulagement ne vient pas jusqu’à ce que ces souvenirs cessent leurs terribles coups de fouet. Certains esprits vivent ici un grand nombre d’années avant de recevoir ce soulagement, tandis que d’autres l’obtiennent plus rapidement.

La plus grande cause qui agit pour soulager ces esprits de ces souvenirs est l’amour. Je veux maintenant parler de l’amour naturel ; et cet amour embrasse de nombreuses qualités, comme le remords et la tristesse, et le désir de réparer les blessures faites, etc. Jusqu’à ce que l’amour d’un esprit soit réveillé, aucun de ces sentiments ne vient à lui. Il ne peut sans doute pas ressentir de remords, de regrets ou le désir d’expier, jusqu’à ce que l’amour, aussi léger soit-il, entre dans son cœur. Il ne se rend peut-être pas compte de la cause de ces sentiments, mais c’est quand même l’amour.

Eh bien, comme ces différents sentiments opèrent, et qu’il agit en accord avec eux, un souvenir, ici et là, le quittera, pour ne plus jamais revenir ; et comme ces souvenirs à leur tour le laissent, ses souffrances diminuent, et, après un certain temps, lorsqu’ils l’ont tous quitté, il se libère de la loi, et elle, dans son rapport à lui, s’éteint. Mais il ne faut pas comprendre qu’il s’agit d’une opération rapide, car il peut s’écouler des années – longues et épuisantes – avant qu’il ne devienne ainsi libre et redevienne un esprit sans péchés ni ces souvenirs. C’est ainsi que la grande loi de l’indemnisation (compensation) est satisfaite ; elle ne peut pas être évitée, mais toutes ses exigences doivent être satisfaites, jusqu’à ce que le péché et l’erreur soient éradiqués, et que l’âme revienne à un état pur.

Mais cette libération graduelle de ces peines ne signifie pas qu’un esprit progresse dans son cheminement vers les sphères supérieures et plus brillantes, parce que même sans cette torture et ce tourment, il peut rester immobile quant au développement de sa nature supérieure, mentale et morale. Mais lorsqu’il a été soulagé de ces souffrances, il est alors en état de commencer la progression dont j’ai parlé.

Comme tu es fatigué, je continuerai le reste de mon discours lorsque j’écrirai à nouveau.

Avec tout mon amour, je suis, ton véritable ami et professeur, Joseph H. Salyards. 1

  1. Joseph Salyards a fondé, en 1870, avec Benjamin Benton, le New Market Polytechnic Institute.