Messages Contemporains 2003

Jésus confond les Pharisiens

Judas - reçu par H____ le 22 Janvier 2003, Cuenca, Équateur.

Bonjour, mon cher ami.

Nous allons parler d’un sujet différent :

Imagine le paramétrage suivant :

Date : L’an 26, au mois de Tichri (c’est à dire, en septembre)

Lieu : Jérusalem

Une fois de plus, la ville bouillonne avec les pèlerins. Bien sûr, à cette occasion, les personnes ne célèbrent pas la fête de Pâques [nous sommes en automne !], mais la fête de Thanksgiving pour les bonnes récoltes.

En entrant dans la ville les gens passaient de grandes lignes de tentes qui bordaient toutes les voies d’accès, un énorme camp qui entourait les murs de la ville, une ville de tentes dont la population dépassait en fait celle de la ville elle-même. Jérusalem avait alors entre 20 et 40 mille habitants, selon ce que l’on incluait dans la zone de la ville. De nombreux villages, tels que de Bethphagé et Béthanie, étaient si proches qu’ils pouvaient facilement être considérés comme la banlieue rurale de la ville.

Des essaims denses d’hommes se déplaçaient vers les portes de la ville ou étaient sur le chemin du retour et, à l’intérieur des murs, il était presque impossible de marcher librement sans être poussé et bousculé par l’un ou l’autre. Et, pour compliquer les choses, les hurlements et les cris des vendeurs itinérants de fruits et légumes et des gens du marché était assez assourdissant.

Juste au milieu d’une telle agitation, Jésus discutait, enseignait et prêchait dans un marché.

Comme je te l’ai expliqué en diverses occasions, Jésus avait acquis une certaine célébrité dans la capitale des Juifs. Il avait trouvé des oreilles attentives parmi la population, et, même parmi les « vrais » Pharisiens, il avait réussi à recruter un ou plusieurs disciples, et un groupe considérable de personnes considérait ses actes avec approbation. Pense à l’exemple de Buni Nicodème. Ah, oui, j’ai dit « vrais » Pharisiens, parce qu’il y a, de nos jours, l’idée que les Pharisiens ont constitué la majorité de la population, et c’est tout simplement faux. Les « vrais » Pharisiens, comme je les appelle, formaient un petit groupe d’élite, quelques milliers peut-être, dans l’ensemble du pays. Mais il est vrai que leurs enseignements exerçaient une grande influence sur la population, et qu’une grande partie de la classe moyenne et inférieure, telle celle formée par les artisans, se sentait attirée par la théologie des Pharisiens.

Comme d’habitude, au cours des grandes fêtes des Juifs, la présence des soldats romains était importante. Mais ce qui attirait plus encore les regards surpris des pèlerins était la splendeur des décors qui transformait toute la ville en un joyau pur et simple de couleurs éclatantes. Des bouquets de fleurs, de feuilles de palmier et de merveilleux arrangements floraux artistiques donnaient l’impression que la ville s’était habillée pour son mariage avec Dieu. Jésus avait déjà passé une semaine ou un peu plus dans la ville – avec nous [les apôtres], bien entendu. Durant les premières semaines de Tichri, une série de festivités nous a amplement donné le prétexte de rester à Jérusalem.

Eh bien, maintenant, après avoir planté le décor, nous allons venir au cœur et à l’âme de notre courte histoire.

Alors que Jésus était devenu célèbre en tant que prédicateur talentueux, un maître des Écritures et un excellent orateur, tous les Pharisiens ne l’approuvaient pas. De plus, Jésus était un étranger, un paysan du nord d’un pays où la Loi de Dieu était obéie mollement et, pour empirer les choses, il s’était déclaré lui-même ouvertement comme étant le Messie… Eh bien, ce n’était pas interdit ; beaucoup de prédicateurs l’ont fait. Dieu prendrait soin d’eux et les gens pensaient que Dieu punirait les imposteurs. Mais dans le cas des autres Messies supposés et autoproclamés, la population favorisait l’un d’eux aujourd’hui, un autre demain, et ainsi de suite. Cependant Jésus avait fait son chemin dans le cœur de certains des piliers des Pharisiens, et c’était dangereux.

Donc tu ne ne devrais pas être trop surpris que plusieurs dirigeants Pharisiens se sont réunis pour élaborer un plan dans le but de mettre un terme, une fois pour toutes, à la carrière ennuyeuse de ce « Messie » venu du Nord. Et leur plan était ingénieux. Ils confronteraient le prétendu Messie avec une question qui le laisserait sans voix et le ferait rougir de honte, une requête qui causerait l’effondrement de son château de cartes bâti sur des mensonges. Alors ils ouvriraient une plaie et l’aggraveraient sans cesse, jusqu’à ce que l’imposteur sorte des limites de la ville afin de tenter sa chance de tromper ces paysans stupides qui ne lui poseraient pas trop de questions, exactement comme les autres faux messies l’ont fait. Le temps, alors, prendrait soin de ses enseignements, les enfouissant sous une épaisse couche d’oubli.

Je vais te parler du jour où une petite délégation des Pharisiens se tenait devant Jésus dans le marché. Leur venue avait attiré un grand nombre de curieux. N’oublie pas qu’en ce temps-là il n’y avait ni télévision, ni radio ; les gens ne savaient presque rien des pays lointains, mais ils étaient très bien informés des potins locaux. La confrontation entre un prédicateur étranger et un groupe de Pharisiens locaux promettait d’être amusante, ce qui alimenterait les discussions et les rires pendant plusieurs jours à venir.

Les dignitaires Pharisiens se sont plantés devant le Maître avec un air d’arrogance, en disant :

« Écoute, Galiléen, on nous a dit que tu prétendais être le Messie de Dieu, et que tu croyais que cela te donnait le droit de voyager partout dans le pays comme un prédicateur, ignorant que tu es, dénué de formation appropriée. Ne sais-tu pas que le Messie est le descendant de David ? Comment, alors, peux-tu, dans ce cas, être le Messie ? »

Jésus adressa un regard surpris au porte-parole. Il était plongé dans une discussion avec l’un de ses auditeurs et n’avait pas remarqué la venue des adversaires Pharisiens. Le ton brutal et grossier de leurs paroles nous a fait mal, mais le Maître nous jeta un regard, nous demandant le silence pour éviter des débordements. Il analysait la situation.

Les yeux des spectateurs étincelaient d’attente passionnée. C’était exactement la situation qu’ils aimaient : deux concurrents, encerclant l’un l’autre, se jetant des mots tranchants, comme les coups de pied des combats de coqs qui ouvrent des plaies profondes avec leurs dents, jusqu’à ce que l’un des combattants s’échappe, horrifié et vaincu, et que l’autre chante sa victoire avec sa poitrine gonflée.

Jésus a rapidement reprit son esprit. Il l’a regardé avec un sourire sur ses lèvres.

« Je suis honoré par la visite de maîtres des Écritures de votre stature, » leur dit-il, l’invitant à se joindre à eux avec des mots mielleux. « Je suis honoré de votre visite et vous prie de m’expliquer ce qui suit ».

Jésus avait pris le gant jeté par les Pharisiens.

« Selon vos paroles, je comprends que le Messie est le fils de David ».

« Selon nos paroles ? » répétèrent moqueurs les Pharisiens. « Selon les Écritures », serait-il plus exact de dire.

Jésus a souri et déclara doucement :

Comment, alors, pouvez-vous m’expliquer que David fut inspiré par l’Esprit de l’appeler Seigneur ? - Il dit dans le psaume 110 :

« Le Seigneur a dit à mon Seigneur, assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’ai mis tes ennemis sous tes pieds. »

Si David l’appelle Seigneur, comment peut-il être son fils ? Croyez-vous vraiment qu’un père appelle son fils « Seigneur ? »

Les Pharisiens stupéfaits avalèrent leur salive et balbutièrent en quête d’une réponse. Ils étaient pris dans un grand dilemme. Ils pouvaient soit admettre que le Messie ne pouvait pas simplement être un descendant de David, soit reconnaître que David n’avait pas écrit ce Psaume. Alors l’auteur du Psaume, un serviteur de David, aurait écrit : L’Éternel (Dieu) dit : mon Seigneur (David). Dans le cas contraire, si David était l’auteur du Psaume, le sens serait que l’Éternel (Dieu) dise : mon Seigneur (le Messie). Cette dernière version, toutefois, était exactement ce que les Pharisiens enseignaient habituellement. Enfin, l’un d’eux a ouvert sa bouche et a répondu :

« Il y a une explication. Cela pourrait être que ce Psaume en particulier n’a pas été écrit par David…»

« Comment, alors, contrôlez-vous ces choses ? » rétorqua Jésus avec un regard réprobateur dans ses yeux. « Basez-vous vos enseignements sur les Écritures, ou adaptez-vous et ajustez-vous les Écritures, lorsque vos enseignements sont en difficulté ? »

« Nous ferions mieux de partir ! » dit l’un des querelleurs et tous partirent avec leur tête baissée, et les rires des spectateurs ont explosé. Nous ne pouvions, nous non plus, contenir nos rires. Mais j’avoue que j’étais confus.

« Maître », ai-je demandé, « pourquoi ne leur as-tu pas simplement dit que tu es un fils de David, né à Bethléem ? »

« Judas » répondit Jésus : « ils lisent des mots, mais ils ne les mangent pas. Est-ce que tu me comprends ? »

Je ne comprenais pas. Il me regardait avec des yeux tristes, et il a posé ses mains sur mes épaules et il m’a dit : « Judas, mon ami ! »

Maintenant, je comprends. Ce que Jésus voulait dire était que ces Pharisiens ont étudié les Écritures, mais ils leur ont donné leur propre interprétation. Les mots, d’eux-mêmes, sont comme des sacs vides. Lorsque survient un vent fort, ils ondulent avec lui. Si le vent est différent, ils se tournent et vaguent heureusement dans une direction différente. Exactement comme les Pharisiens dans notre exemple : Ils enseignaient habituellement le Psaume 110 comme porteur d’un message messianique; cependant, ils ont rapidement changé leur opinion lorsque la situation l’a exigée.

En tout cas, que sont les mots en comparaison de la présence du Messie ? Mais les gens qui se concentrent uniquement sur l’examen des mots et l’interprétation des Écritures n’ont aucune considération pour les enseignements et les actions du Messie lorsqu’ils ont réellement la chance de le rencontrer. C’était ainsi. Et c’est ainsi maintenant. Ils ont les yeux ouverts et ne voient rien; leurs oreilles sont ouvertes mais ils n’entendent rien.

« Judas, mon ami ! » Me dit-il. Il y a des gens qui prétendent que j’étais le seul apôtre que Jésus appela son ami. Cela apparaît ainsi dans la Bible. Bien entendu, ce n’est pas exact. Le Maître avait beaucoup d’amis, et je suis fier de dire que j’ai appartenu à ce groupe. Et je suis encore plus fier d’avoir l’honneur de dire que je suis plus proche de lui que jamais.

Mais maintenant, je voudrais attirer ton attention sur un autre fait. L’incident que j’ai juste raconté est également décrit dans la Bible. Mais là, il est relaté un peu différemment. Là, Jésus commence la discussion et laisse les Pharisiens sans réponses.

Ce constat a amené de nombreux critiques de la Bible à supposer que Jésus avait été attaqué avec l’imputation qu’il n’était pas un descendant de David, et qu’il n’avait pas trouvé une autre défense que celle décrite lors de l’incident ; une défense très habile, soit dit en passant. Cependant, cela laisse voir la véracité de l’imputation : Qu’il n’était pas un rejeton de David et que l’histoire de sa naissance à Bethléem et toutes les circonstances qui l’ont accompagnée n’ont été ultérieurement que des inventions pour dépouiller ses opposants, c’est-à-dire, les Juifs, d’arguments.

Cette conclusion n’est pas exacte, et j’espère que j’ai contribué, avec mon message, à clarifier la vérité des faits qui ont conduit à la formulation de l’histoire, telle qu’elle apparaît maintenant dans la Bible – dans son véritable contexte, dans le temps réel.

Cette histoire, et plusieurs autres similaires, aura des conséquences que je décrirai dans mon prochain message. Pour l’instant, ce message est déjà assez long. Tu as beaucoup écrit.

Je te remercie pour ton temps et ton intérêt, et j’espère que tu me donneras bientôt une nouvelle occasion de raconter l’histoire de Jésus de mon point de vue.

Avec beaucoup d’amour, Judas Iscariote.

© Geoff Cutler 2013

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