Messages Contemporains 2002
Paul de Tarse et la Première Épître aux Corinthiens
Judas - reçu par H____ le 15 Août 2002, Cuenca, Équateur.
Mon cher H____ , j’ai l’intention de continuer avec l’histoire de Jésus dans l’ordre chronologique. Néanmoins, nous pouvons, bien entendu, insérer un message sur un passage controversé du Nouveau Testament chaque fois que des doutes sérieux apparaissent. Aujourd’hui, en réponse à la question du Révérend, je veux parler de la Première Épître aux Corinthiens, une lettre de Paul de Tarse et surtout, du chapitre 7. Paul écrit : 1 Corinthiens 7:1-7
Maintenant je voudrais aborder les questions soulevées dans votre lettre. C’est un bon principe pour un homme de n’avoir aucun contact physique avec les femmes. Néanmoins, étant donné que les liaisons occasionnelles sont si répandues, permettons que chaque homme ait sa propre femme et chaque femme son propre mari. Le mari doit donner à sa femme ce qui lui revient comme sa femme et la femme doit être aussi équitable envers son mari. La femme n’a plus de droits sur son propre corps, mais les partage avec son mari. De la même manière, le mari partage ses droits personnels avec sa femme.
Ne vous abstenez pas de rapports sexuels normaux, sauf si, bien entendu, vous avez tous les deux décidé de vous abstenir temporairement pour un temps de prière. Mais, ensuite, vous devez reprendre vos relations comme avant, sinon vous vous exposerez à l’évidente tentation de Satan.
Je donne les conseils ci-dessus plus comme une suggestion que comme un ordre. Je souhaiterais que tous les hommes soient comme moi, mais je me rends compte que chacun tient de Dieu son propre don particulier, certains d’une manière, les autres d’une autre.
Jusqu’ici, je pense qu’il n’est pas nécessaire d’apporter un quelconque commentaire. Ce sont de simples règles générales pour un mariage harmonieux et égal. Toutefois, je tiens à attirer ton attention sur le fait que ces mots n’expriment aucune aversion à l’égard de « tout ce qui concerne la sexualité » qui, plus tard, dominera l’Église. Il n’y a aucune trace ici de certains enseignements qui concerneraient, par exemple, la limitation de la relation sexuelle, à l’intérieur d’un couple, au seul engendrement des enfants. Pour Paul, comme pour tout bon Juif, la sexualité était quelque chose de très naturelle. Paul, en tant que célibataire endurci recommande l’abstinence, mais il n’insiste pas là-dessus. L’abstinence était sa façon personnelle de vivre et de se réaliser, et il la recommande, cependant, dans une autre partie, il admet que bon nombre des premiers disciples de Jésus ont cohabité, au cours de leurs voyages, avec les femmes qui les accompagnaient, il écrit :
Ne pouvons-nous pas voyager avec une femme chrétienne comme les autres messagers, comme les autres frères chrétiens et comme Céphas ?
Revenons à notre passage. Paul continue : 1 Corinthiens 7:8-11
A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il leur est bon de rester comme moi. Mais s’ils ne peuvent se maîtriser, qu’ils se marient. Il est préférable pour eux de se marier plutôt qu’être torturé par un désir insatisfait.
A ceux qui sont mariés, j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point de son mari… Mais si elle est séparée, qu’elle demeure sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari, un mari ne doit pas répudier sa femme.
En fait, c’est Paul et pas le Seigneur, qui commande cela, mais c’est une bonne recommandation, du moins celle de la réconciliation. Le triste sujet du divorce a déjà été traité dans une autre partie. Il est nécessaire de noter, toutefois, que les interprétations spécifiant que Paul faisait référence à l’indissolubilité du mariage reconnu par « l’Église » et qu’il a accordé le divorce aux personnes qui se sont converties au Christianisme, « parce qu’avec le baptême, elles ont gagné une nouvelle vie et, par conséquent, une nouvelle liberté » sont absurdes. Une telle église n’existait tout simplement pas alors… 1 Corinthiens 7:12-14
Aux autres, ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis : Si un frère a une femme non-croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie point. Une femme dans une position similaire ne devrait pas quitter son mari. Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère chrétien qu’elle a marié. Sinon, vos enfants porteraient les stigmates du paganisme, tandis que maintenant ils sont consacrés à Dieu.
En fait, le texte original ne dit pas « Sinon, vos enfants porteraient les stigmates du paganisme » mais « sinon vos enfants seraient impurs » et il ne dit pas « alors qu’ils sont maintenant consacrés à Dieu » mais « tandis que maintenant ils sont saints. » Cependant, la traduction traduit correctement le sens de ce que Paul a voulu exprimer. Plus tard, nous parlerons un petit peu de l’historique qui a conduit Paul à écrire ces mots. 1 Corinthiens 7:15-19
Mais si le partenaire non-croyant décide de se séparer, alors qu’il y ait une séparation. Le frère ou la sœur ne sont pas liés dans ces cas-là. Pourtant Dieu nous a appelés à vivre en paix, car comment, vous qui êtes une femme, pouvez savoir si vous serez en mesure, ou non, de sauver votre mari ? Et il en va de même pour vous qui êtes un mari.
J’ai simplement ajouté à ce qui précède que chaque homme doit vivre sa vie avec les dons que le Seigneur lui a donnés et selon l’appel qu’il a reçu de Dieu. C’est ainsi que je l’ordonne dans toutes les Églises. Quelqu’un a-t-il été appelé étant circoncis, qu’il demeure circoncis. Si en revanche il était incirconcis, il ne devrait pas se faire circoncire. La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien mais l’observation des commandements de Dieu est tout…
Avec ces sages paroles se termine ce passage. Parmi les païens, le problème le plus grave, à l’aube du Christianisme, était un problème d’ordre social et non les persécutions, comme beaucoup le croient. Les persécutions viendront, c’est vrai. Paul lui-même en sera victime. Toutefois, plusieurs années s’écouleront avant que Néron ne lance le premier massacre, à grande échelle, parmi les convertis.
Paul avait un talent remarquable et ses nouveaux enseignements connurent un large succès auprès de ceux qui les écoutaient. Je dis cela, parce que ses contacts avec les autres apôtres étaient rares, et en général, il ne s’entendait pas très bien avec eux.
La conversion, au Christianisme, de familles entières se produisait fréquemment, mais, dans la plupart des cas, seulement la femme ou le mari se convertissait. Cela, logiquement, soulevait des questions auxquelles Paul a tenté de répondre selon son appréciation, bien entendu. Parce qu’il n’y avait encore aucun « enseignement moral » officiel de l’Église, puisqu’il n’y avait pas « d’Église officielle », mais un mouvement hétérogène, où certains considéraient le Christianisme en tant que partie intégrante du Judaïsme et d’autres, comme Paul, ouvraient les portes pour une entrée massive des païens, éliminant les obstacles autant qu’ils le pouvaient, comme dans le cas, par exemple, de la circoncision. Pour les païens, la circoncision était une « horrible mutilation » et il y eut des Juifs (nés dans la Diaspora) qui ont même subis des interventions chirurgicales pour reconstruire leurs prépuces. C’est ce à quoi Paul faisait allusion lorsqu’il dit « Si un homme a été circoncis lorsque Dieu l’a appelé, il ne doit pas tenter de supprimer les signes de sa circoncision. » Le texte original était plus direct, déclarant littéralement : « Il ne doit pas reconstituer son prépuce. »
Le thème des mariages mixtes n’était généralement pas un problème pour les païens. Ils ont même continué d’adhérer en même temps aux anciens cultes, un problème qui affectera également grandement le début du Christianisme, comme nous le verrons plus tard. Toutefois, pour les Juifs, les choses étaient différentes. Ils étaient très intolérants à l’égard des mariages mixtes, demandant leur dissolution. Et dans l’étude des Écritures – je parle de ce qu’on appelle aujourd’hui l’Ancien Testament, parce qu’il n’y avait pas encore de Nouveau Testament – les dirigeants de la communauté ont trouvé l’histoire du retour des exilés Juifs de Babylone, et la manière dont on a exigé la dissolution des mariages mixtes en Palestine, parmi la population qui était restée là.
Paul a donné des conseils très pratiques, avec l’arrière-pensée qu’un membre Chrétien pourrait finalement exercer une grande influence sur les autres membres de la famille païenne, et contribuer ainsi à la diffusion de la nouvelle religion. L’abandon des enfants dans les mains d’un ex-époux ou ex-épouse païen les priverait de la possibilité immédiate d’embrasser la foi. C’est tout ce que je voulais communiquer pour l’instant.
Mon cher H____ , je sais que tu brûles de désir d’en savoir plus sur Paul. Et j’étancherai ta soif de connaissances. Cependant, je ne le ferai pas maintenant. Au moins, en ce qui concerne l’histoire, nous procéderons dans l’ordre.
Je te souhaite une bonne journée. Nous nous rencontrerons bientôt.
Ton frère.
Judas.
© Geoff Cutler 2013