Messages Contemporains 2002
L’Antéchrist
Judas - reçu par H____ le 29 Avril 2002, Cuenca, Équateur.
Mon cher frère, au début de ce message, il est nécessaire de définir ce que signifie le mot « Christ ».
Ce n’est pas aussi évident que cela paraît à première vue. Parfois il t’a été demandé comment Jésus pouvait signer ses messages avec les mots « votre frère en Christ » alors qu’il était lui-même le Christ.
Bien sûr, je sais que tu es conscient de la différence entre la personne de « Jésus de Nazareth » et la notion de « Christ », mais il est utile de consacrer quelques lignes à ce sujet.
Jésus de Nazareth est né comme tout autre homme est né dans ce monde. C’était un homme, un mortel. Il n’est pas né Christ, il l’est devenu grâce à son développement ultérieur, lorsque le « principe de Christ » lui fut conféré. Mais qu’est-ce que cela signifie en fait ?
Les efforts continus de Jésus pour obtenir l’Amour de Dieu, sa vie de prière et de méditation et, principalement, l’application pratique de ses dons spirituels a permis à son âme d’être transformée, par l’Amour Divin, d’une âme purement humaine en une âme divine. Tout cela est arrivé alors que Jésus était encore relativement jeune. Il n’était pas le produit de la soi-disant « sagesse de l’âge. »
Le mot Christ signifie « oint », exactement comme le mot Messie. Des gens ordinaires, dans la tradition Hébraïque, sont devenus rois et prêtres par le biais de leur onction ; c’est à dire, ils sont devenus des gens très spéciaux, selon les critères des mortels.
Dans le sens spirituel, le « principe de Christ » transforme les gens ordinaires (l’âme humaine naturelle) en quelque chose de très spécial (en une âme divine, transformée par l’Amour Divin). La qualité de Christ est donc une essence externe, conférée de l’extérieur, par Dieu au moyen de l’Esprit Saint, à quiconque le demande de manière correcte.
En d’autres termes, Jésus et Christ ne sont pas des expressions synonymes. Jésus de Nazareth était un mortel comme il en existe des millions. Christ est une essence externe qui lui fut attribuée. Mais elle a aussi été répandue, ultérieurement, sur d’autres personnes, ce qui a permis la transformation complète de leur âme au moyen de l’Amour Divin. Il existe en fait des millions de Christ, mais le premier d’entre eux fut Jésus de Nazareth qui continue d’être l’esprit le plus développé dans l’univers, son union avec Dieu étant la plus intime parmi tous les esprits.
Le Christianisme primitif s’est développé dans diverses communautés qui, en général, maintenaient de bonnes communications entre elles. Il existait aussi des groupes plus isolés avec leurs propres traditions. C’était le cas de la communauté Johannite, qui se développa en Palestine du Nord, dans les régions actuelles de Galilée, du Liban et certaines parties de la Syrie. Cette communauté était composée de Juifs et Samaritains, elle avait peu de contacts avec le Judaïsme orthodoxe. Elle s’opposa même fortement au culte du Temple, contrairement à l’attitude initiale de la principale église Judéo-Chrétienne de Jérusalem. En raison de sa proximité avec le monde grecque de l’empire oriental, elle a finalement incorporé un grand nombre des tendances helléniques des diverses églises qui ont prospéré en Orient, par exemple, des traits Gnostiques et Docétiques. Ce que je te présente ici comme un simple fait, fut en fait le fruit d’une longue évolution.
Cette communauté d’origine Juive a pu vivre au milieu du Judaïsme orthodoxe, comme l’une des ses composante, mais lorsque les chrétiens (c’est-à-dire les Judéo-Chrétiens) furent expulsés des synagogues au moyen de la « Birkat ha-Minim » 1, l’amour fraternel entre Juifs et Chrétiens se transforma en haine. Frustrée et aigrie, la communauté Johannite incorporera de nombreux éléments anti Juifs dans son Évangile et dans ses écrits liturgiques, ce qui sera fatal à la relation entre la puissante Église Chrétienne et les Juifs.
L’Évangile de cette communauté reposait initialement sur de rares et courts écrits de l’apôtre Jean et sur plusieurs autres écrits, attribués au même auteur, comme les trois Épîtres et l’Apocalypse.
Je ne vais pas approfondir ce sujet maintenant, car nous le ferons lorsque nous parlerons de la formation de l’ancienne Église Chrétienne. Maintenant, nous arrivons à un concept qui se trouve justement là, dans la littérature de la communauté Johannite : l’Antéchrist. La question que nous allons essayer de développer est : qu’est-ce que l’Antéchrist ?
Ce mot est composé de deux parties: Nous avons déjà défini l’expression « Christ », l’autre partie, « anti » signifie « contre ».
L’Antéchrist, est donc une personne ou une doctrine agissant ou se prononçant contre le Christ (selon ce que l’on entend par cette expression), ou quelqu’un qui prétend être le Messie.
Il est facile de voir que, pour les chrétiens Johannites, Simon bar Kokhba, le leader de la rébellion Juive contre les Romains au IIe siècle, était un Antéchrist. Il est également clair que les Juifs, en tant que peuple, étaient des Antéchrists. En d’autres termes, toute personne ou doctrine opposées à la leur étaient considérée comme Antéchrist.
Bien entendu ce concept, au cours des siècles, a évolué. Alors que l’hérésie gnostique se répandait de plus en plus sur de vastes territoires de l’Empire romain, la communauté Johannite, se sentant menacée, utilisa le mot « Antéchrist » pour attaquer le Gnosticisme. Plus tard, l’idée que l’Antéchrist était « la main droite du diable » allait gagner de plus en plus de terrain, formant l’arrière-plan, à l’heure actuelle, de nombreux films d’horreur.
Même les politiques sont confronté à ce concept, de nombreux hommes politiques partagent désormais l’honneur douteux de rejoindre les rangs illustres des Antéchrists à travers la bouche des prédicateurs, principalement des sectes fondamentalistes et apocalyptiques.
Le concept d’Antéchrist a aussi causé des problèmes à de nombreux penseurs dans les églises. D’une part, la littérature canonique Johannite avertit de la présence et de l’arrivée des antéchrists, qui tromperont les gens et les amèneront à leur perte. En revanche, les croyants sont censés croire aveuglément dans les doctrines de leurs églises. Cependant, en particulier dans le passé, quand l’amour était notoirement absent des pouvoirs ecclésiastiques, il était fréquent qu’un groupe appelle un concurrent antéchrist. Le pape était l’Antéchrist pour les Protestants, les réformateurs étaient des antéchrists pour les Catholiques, etc…
Tu te souviens de cette réunion au cours de laquelle une dame t’a parlé des luthériens diaboliques et de leurs fausses doctrines. Et tu as répondu, « Madame, si vous n’étiez pas née ici mais en Suède, vous seriez probablement maintenant une luthérienne, parlant de la même façon au sujet des papistes. Ne pensez-vous pas ? » Et elle te regarda offusquée et méprisante.
Maintenant nous sommes confrontés à la situation où il y a un grand nombre d’églises, qui prétendent toutes être détentrices de la vérité. En conséquence, toutes les autres sont, en quelque sorte, des « antéchrists ». Mais comment peux-tu savoir laquelle d’entre elles est, et même si l’une d’elle est, détentrice de la vérité dans ce monde ?
Jésus dit à Thomas : « Est-ce que tu crois parce que tu m’as vu ? Heureux sont ceux qui croient sans m’avoir jamais vu ! »
Pourquoi a-t-il dit cela ? Parce que Dieu ne nous a pas mis aveugles ou sourds dans ce monde, dans le sens spirituel, mais avec des perceptions « préinstallées » dans nos âmes, perceptions qui nous permettent de découvrir et de connaître par nous-mêmes. Le développement de ces perceptions et la foi ou la certitude qui en résulte, sont, sans aucun doute, l’obligation et la plus grande satisfaction pour nous tous. Tu sais déjà comment tu peux développer tes perceptions. Cette évolution est le résultat du développement de l’âme dans l’Amour Divin.
N’oublie pas ce que Marie a dit une fois aux enfants de Medjugorje : « Ouvrez-vous à la prière afin que la prière devienne une nécessité pour vous ! »
Lorsque les gens, à travers la prière, découvrent que les perceptions de leur âme deviennent plus vives, ils ressentent tellement de bonheur, et c’est exactement alors, « lorsqu’il n’est plus question d’oublier de prier », que la prière devient « douce comme le miel », un plaisir, une nécessité et, en même temps, un accomplissement.
Il n’y a qu’un seul moyen pour surmonter le « fantôme de l’Antéchrist » : Atteindre la maturité spirituelle, faire pleinement confiance à ce que Dieu t’accorde, sans te soucier de ce que d’autres peuvent te présenter comme étant la vérité.
Voilà, j’espère que mes explications sur le sujet de «l’Antéchrist» t’ont satisfait.
Maintenant, mon cher frère, je te souhaite une journée remplie d’amour et d’accomplissement. À très bientôt,
Ton frère en Christ, Judas.
© Geoff Cutler 2013
H: Min (pluriel minim) indique « hérétique », c’est-à-dire le Juif qui s’était converti au Christianisme ou à une forme de Gnosticisme Juif. On les appelait « minim » parce qu’ils étaient toujours considérés comme Juifs, mais des Juifs aberrants. Le texte de Shemone Esre Berakot (18 bénédictions, qui sont en fait 19, grâce à l’ajout de la soi-disant Birkat ha Minim : la bénédiction des hérétiques, qui est en fait une malédiction) : « Que les Nazaréens (Chrétiens) et les minim (hérétiques) disparaissent en un clin d’œil. »↩