Messages Contemporains 2002

La situation politique en 26 AD – Publius Pontius Pilatus suite

Judas - reçu par H____ le 26 Mars 2002, Cuenca, Équateur.

Bonjour, mon cher frère.

J’ai parlé dans mon dernier message, des antécédents familiaux de Pilate, et comment Séjan l’envoya en Judée comme préfet, dans l’intention de veiller au flux constant d’argent vers ses coffres privés.

Maintenant, je voudrais détailler un peu de l’attitude de Pilate pendant son administration.

En l’an 26, Pilate est arrivé à Césarée pour commencer son travail comme administrateur. rapidement, il a commis sa première erreur grave. Il a envoyé un nouveau détachement de soldats à Jérusalem pour soulager les troupes stationnées. Et, comme c’était l’habitude, les troupes ont pris avec elles leurs étendards, leurs images offensives à l’égard des Juifs. Pire encore, les soldats arrivèrent la nuit, l’ensemble de la population soupçonne donc que Pilate avait ordonné cette procédure pour introduire « cette insulte » secrètement et de prendre la population par surprise le lendemain.

Immédiatement, une délégation de Juifs se rendit à Césarée, résidence de la préfecture, demandant le retrait de la bannière, mais Pilate refusa initialement de le faire. Durant cinq jours, ils ont imploré le préfet, mais il a ordonné à ses soldats de cerner la délégation, la menaçant de mort. Les Juifs, cependant, se mirent à genoux et ont découvert leur cou, montrant ainsi que les soldats pouvaient le couper, déclarant qu’ils préféraient la mort à l’alternative de vivre avec une telle insulte contre leur peuple et leur religion. Seulement alors Pilate a compris la gravité de la situation, et il a cédé.

Pilate n’avait pas provoqué intentionnellement les Juifs, mais son traitement de l’affaire témoignait plutôt de son manque de préparation et de son ignorance totale des coutumes du pays qu’il devait administrer. Cependant, bien entendu, l’incident n’a pas augmenté sa considération pour les Juifs. Pilate ne pouvait pas comprendre que les bannières qui n’avaient pas causé un scandale à Césarée incitent des réactions de colère de la part de la population de Jérusalem. Mais bien entendu, Césarée était une ville totalement romanisée ayant une culture totalement différente de Jérusalem. Le préfet ne savait pas cela. En bref, Pilate a changé les troupes avec leurs bannières, et la paix régna à nouveau.

Un autre incident provoqué par Pilate fut celui des boucliers honoraires. C’était une habitude très répandue dans l’antiquité de placer des boucliers en or sur les bâtiments administratifs, tels que la Forteresse Antonia à Jérusalem, en l’honneur de l’empereur. Habituellement, ces boucliers comportaient un portrait de l’empereur et une inscription. Mais Pilate avait déjà appris quelque chose. Les boucliers qu’il a envoyé ne comportaient aucun portrait afin de ne pas offenser les Juifs, pour lesquels toute reproduction d’une personne ou d’un animal constitue une infraction aux dix commandements. Dans Exode 20:4 et Deutéronome 5:8 on peut lire :

Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre.

C’est pourquoi les boucliers de Pilate ont seulement montré l’inscription :

TI. CAESARI DIVI AVGVSTI F. DIVI IVLI NEPOTI AVGVSTO PONTIFICI MAXIMO (à Tibère César, fils du divin Auguste, petit-fils du divin Julius, le vénérable grand prêtre).

Mais Pilate a, une fois de plus, commis une erreur. Certains Juifs se sont sentis offensés par le fait que les gens étaient appelés « divins », que Tibère était appelé « grand prêtre », etc., et encore une fois la colère populaire a explosé. Cette fois, Pilate est resté ferme, puisque céder signifiait une insulte contre l’empereur, mais les Juifs ont envoyé une délégation à Tibère, qui a personnellement ordonné le retrait des boucliers.

Il y a beaucoup plus d’incidents, mais j’en citerai seulement un de plus : Pilate a commencé un projet ambitieux, la construction d’un aqueduc. Et pour cela il a demandé une contribution du Trésor du Temple, ce qui était une action tout à fait juste, puisque l’excédent du Trésor du Temple était censé être utilisé pour le bien commun du peuple. Mais cette initiative rendit le peuple furieux malgré la collaboration des autorités. Cependant, cette fois-ci leur fureur n’était pas dirigée contre le projet qui leur serait bénéfique. Au lieu de cela, leur fureur visait les sommes considérables qui n’ont jamais financé la construction, mais plutôt ont terminé dans les poches de Séjan, Pilate et du directeur du temple Yosef Kayafa (Caïphe), ou plutôt, de la maison d’Anne, à laquelle appartenait Caïphe. C’était la clameur populaire contre la corruption. Tu connais très bien la situation, lorsque les biens publics sont détournés au profit de l’enrichissement personnel illicite de certaines personnes. Cette pratique est encore très en vogue.

Mais, ce que nous pouvons dire, c’est que le fait que Pilate fut maintenu dans sa position comme préfet de Judée pendant de longues années indique qu’il a dirigé son administration de façon plus ou moins satisfaisante pour Rome.

Nous avons entendu que Séjan tomba en disgrâce en l’an 31 et qu’il fut exécuté avec toute sa famille, comme c’était l’habitude. Après cela, Tibère a entrepris une campagne de purification, une enquête exhaustive sur les connexions et les tentacules du traître. Beaucoup de gens ont péri lors de cette persécution, bien que Tibère ait fait preuve de beaucoup de modération. Mais tu peux imaginer, qu’à compter de cette date, Pilate vivait dans la peur permanente. Chaque jour, il s’attendait à ce que les bourreaux de l’empereur s’en prennent à lui en raison de ses liens avec Séjan, mais ils ne sont jamais venus.

La nervosité de Pilate a culminé avec son action contre la soi-disant « rébellion des Samaritains en l’an 36 », sa dernière année comme préfet en Judée. Un imposteur avait encouragé les gens à se rencontrer au Mont Garizim, car il déterrerait de la terre les vases sacrés que Moïse lui-même avait cachés à cet endroit. Beaucoup de gens qui ont suivi son appel sont venus armés. Pilate a craint une rébellion et il a ordonné à ses soldats d’attaquer. Plusieurs personnes sont mortes, beaucoup d’autres ont été faits prisonnières, et les dirigeants ont été exécutés.

Les Samaritains ont considéré que l’action de Pilate fut brutale et exagérée, et ils se sont plaints au légat de Syrie, Vitellius, supérieur hiérarchique de Pilate. Ils ont affirmé que c’était une réunion pacifique sans intentions politiques. Vitellius en a informé l’empereur, et Tiberius a rappelé Pilate à Rome.

Pilate obéit, mais avant d’arriver à la capitale, Tiberius était mort, et un nouvel empereur, Gaius (Caligula), occupait le trône.

Il y a beaucoup de légendes fantastiques au sujet de la destinée finale de Pilate. Certains disent qu’il a été exécuté et jeté dans le Tibre ; d’autres disent qu’il fut exilé à ce qui est aujourd’hui la France, etc.. Certaines églises l’ont même canonisé, comme un saint, avec sa femme, Claudia Procula. Cependant, ce qui s’est réellement passé, c’est que Caligula, occupé avec ses propres obligations pour poser les bases de son pouvoir, n’a pas accordé beaucoup d’intérêt au cas de Pilate et il l’a simplement remplacé par un autre administrateur. Pilate fut acquitté de toutes les accusations portées contre lui et il se retira de la vie publique. Avec encore la peur au ventre, il décida de s’éloigner de Rome, où le danger rôdait toujours, et il a acheté une propriété dans le pays et une luxueuse villa grâce à son immense fortune. Pour être plus exact, il s’est installé dans la région de la Campanie, les plaines autour de Naples et du Vésuve. Là, il vécut dans la tranquillité et le luxe jusqu’à sa mort. Oui, il est mort avant que les catastrophes de Pompéi, Herculanum et Stabies ne se produisent.

Et puisque tu es très curieux, je te dirai que Pilate vit maintenant dans les cieux spirituels, il se consacre à ses études, mais est sans grande illumination spirituelle. Oui, il est resté pendant un certain temps dans les enfers. Son attitude envers Jésus, à l’heure actuelle, est l’indifférence. Il est seulement surpris que les superstitions continuent même dans le monde des esprits. Dans son état actuel, il se sent très heureux et n’est pas ouvert à nos enseignements.

Je voudrais ajouter quelques mots sur l’histoire du « procès » du Maître. Je ne m’étendrai pas dessus, cela je le ferai au moment approprié.

L’histoire de l’Évangile montrant Pilate comme une personne bénigne, désireuse de remettre Jésus en liberté, est tout simplement fausse. Elle fut écrite, ou modifiée, alors qu’il existait des tensions déjà considérables entre Juifs (et Judéo-chrétiens) et l’église Païenne. Le but de cette « modification » fut d’incriminer les Juifs de la responsabilité de la mort du Maître, comme des « meurtriers de Dieu, » criant « que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » Tu dois comprendre, aussi, qu’il aurait été très risqué pour les chrétiens d’attaquer leurs souverains romains ouvertement, en les accusant du meurtre du Maître.

C’était donc Pilate : essayant de garder le pays calme, mais par intérim, avec beaucoup de brutalité quand son intérêt personnel était en jeu.

Eh bien, mon frère, c’est tout pour aujourd’hui. Comme je te l’ai promis, maintenant nous allons revenir à la vie et aux œuvres du Maître.

Je te souhaite une bonne journée. Puisse Dieu te bénir toujours.

Judas.

© Geoff Cutler 2013

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