Messages Contemporains 2002
La situation politique en 26 AD – Publius Pontius Pilatus
Judas - reçu par H____ le 25 Mars 2002, Cuenca, Équateur.
Bonjour, mon frère. Tu es déjà fatigué de ces « thèmes politiques du premier siècle. » Mais je veux clarifier les conditions régnant dans l’Empire Romain au cours de la vie publique de Jésus. Aujourd’hui, nous allons parler de Pilate.
Je crois que la meilleure façon d’écrire ce message serait que tu écrives ce que tu sais à propos de Pilate, puisque tu l’as étudié, j’ajouterai alors mes commentaires. Est-ce OK pour toi ?
[H : C’est OK.
Eh bien, Ponce Pilate était le préfet de Judée, lorsque Jésus fut condamné à mort. Les « Pontii » étaient un clan Samnitan, c’est-à-dire, qu’ils venaient d’une région sud-est de Rome, intégrée très tôt dans l’état romain. Les Samnitans étaient des citoyens romains. Mais le Pontii étaient encore plus, ils étaient membres de rang équestre, c’est-à-dire, des gentilshommes de petite noblesse, des chevaliers.]
Voici une légère correction. Tous les Pontii n’étaient pas chevaliers, c’est-à-dire, il y eut des familles qui, dans ce clan, ont même occupé les honneurs sénatoriaux qu’ils avaient obtenus grâce à leurs excellents services dans l’armée, ascendant dans l’échelle sociale de la noblesse. Mais tu as raison, la famille de Pilate n’avait pas atteint ces « honneurs supérieurs. »
[H : Quant à la province de Judée, elle était officiellement une province de troisième catégorie impériale. Il y avait quelques provinces de ce genre, qui étaient celles de peu d’importance. Souvent, elles étaient des territoires où la population indigène causait des problèmes. Les gouverneurs de ces provinces venaient de lignes des chevaliers, ils ne commandaient que les troupes auxiliaires et non les troupes régulières des légionnaires romains. Dans le cas de la Judée, il y avait cinq cohortes d’infanterie et un régiment de cavalerie stationnés. Une cohorte était stationnée en permanence dans Antonia Fortress à Jérusalem.]
Cette réponse est partiellement correcte. La lecture de la Bible aurait dû t’apprendre que Corneille (Cornelius en latin) était un centurion de la Cohors II Italica Civium Romanorum de la deuxième cohorte italienne de citoyens romains, également connue comme la « bande italienne ». Elle était constituée, par conséquent, des troupes régulières stationnées en Judée, à Césarée. Plus tard, nous parlerons de Corneille, mais, pour le moment, tu verras que la Judée constituait une exception : il y avait des troupes régulières bien formées sous le commandement direct de Pilate, avec la permission de Séjan, qui n’a épargné aucun effort pour veiller à ce que Pilate puisse maintenir le contrôle absolu d’une province qui était vitale pour lui. Nous verrons également comment les troupes de Pilate ont fait entrer leur étendard, à l’effigie de l’empereur, à Jérusalem, provoquant la colère de la population. Elles étaient des troupes régulières.
[H : La province était techniquement indépendante, mais en réalité, elle était sous la supervision de l’administration de la puissante province voisine, la Syrie. Le gouverneur de la Syrie, un homme de rang consulaire, c’est à dire de la haute noblesse, commandait 3 légions, et après l’an 18, jusqu’à 4 légions. En cas de crise, le préfet de Judée pourrait l’appeler à l’aide.]
C’est correct. Et cela se produirait dans l’avenir. Je tiens à ajouter que l’administrateur de la Judée avait le titre de préfet, pas de procureur. Préfet est un titre militaire, exprimant ainsi une administration militaire efficace, en raison des tensions dans le territoire. Mais, que peux-tu me dire de plus sur Pilate ?
[H : On ne sait presque rien de lui. Les historiens supposent qu’il a bénéficié d’une éducation caractéristique des hautes couches de la société et qu’il a eu une certaine expérience militaire.]
C’est correct. Il a pris part à plusieurs guerres, également à la campagne de Pannonie au côté de Séjan, qui était son ami.
[H : Habituellement, le poste d’administrateur provincial était très désiré par les Romains, parce que cela signifiait des revenus, des revenus énormes, selon le genre de province. La Syrie et l’Égypte figuraient sans doute parmi les plus sollicitées. Les mauvaises langues disent qu’un administrateur restait habituellement en poste pendant trois ans : Pendant un an, il volait et détournait autant qu’il le pouvait afin de récupérer tout l’argent qu’il avait dépensé en pots-de-vin pour obtenir la position. Il devait rembourser l’argent à leurs « amis et parents » qui lui avaient prêté à un « bon intérêt bien entendu ». L’année suivante ils volaient afin de corrompre, par la suite, les juges lors de tous les jugements sur les cruautés et les vols à main armée commis au cours de leur administration. Et, au cours de la troisième année, ils volaient afin d’accumuler suffisamment de fonds pour se retirer de la vie publique et profiter d’un certain luxe.]
C’était ainsi. C’est vrai. Pilate n’était pas une exception. Il a détourné l’argent pour les coffres de Séjan, mais il en conserva assez dans ses mains pour ses propres fins.
[H : Il y a deux facteurs très importants qui ont caractérisé l’administration de Pilate : Tout d’abord, la position du gouverneur de Syrie a été vacante pendant les six premières années de Pilate. Tibère avait nommé un légat pour ce pays, mais il l’a maintenu en arrière à Rome. Cela signifiait que Pilate ne pouvait pas compter sur une aide rapide de la Syrie en cas de problèmes. Il a dû agir avec beaucoup de précaution.]
C’est inexact. Bien entendu, la position du gouverneur de Syrie était vacante, mais pas celle du commandant militaire. Pilate pourrait obtenir rapidement de l’aide de la Syrie en cas d’urgence. Deuxièmement, il avait, outre ses troupes auxiliaires, ses propres troupes régulières fournies par Séjan. La situation était donc tout à fait sûre.
[H : L’autre caractéristique de l’administration de Pilate fut qu’il n’a jamais changé le grand prêtre juif. Son prédécesseur, Valerius Gratus, a procédé à ce changement à quatre occasions, mais Pilate ne l’a pas fait.]
Oui, c’est important. Le dernier choix de Gratus, Yosef Cayafa, appelé Caïphe dans la Bible, le même que celui qui condamna Jésus, se poursuivrait en tant que grand prêtre au cours de la période de Pilate. Cela signifie que tous deux étaient venus à un accord « financier » qui leur était favorable
Ce message est déjà très long; je le continuerai demain. Je parlerai de l’activité de Pilate en Judée. Alors, je te le promets, nous reviendrons à l’histoire de la vie de Jésus.
Passe une bonne journée, pleine de bénédictions.
Judas.
© Geoff Cutler 2013