Messages Contemporains 2002

L’histoire de Nicodème

Judas - reçu par H____ le 18 Mars 2002, Cuenca, Équateur.

Mon cher frère,

Je t’ai promis une surprise et aujourd’hui je vais te la donner. Je tiens à examiner en détail un chapitre clé dans le Nouveau Testament, un chapitre qui, malgré sa grande importance, a toujours été traité incidemment dans les messages précédents. Mais procédons dans l’ordre.

La fête de la Pâques, approchait. Comme Joseph l’avait décidé, il a mis un administrateur responsable de son atelier, et il s’est rendu, avec toute sa famille, à Capharnaüm où ils ont rencontré Jésus et ses disciples. Ils ont passé la nuit dans la maison de Pierre.

Le lendemain, le grand groupe de personnes s’est dirigé vers le sud. Lorsqu’ils passèrent près de Magdala, un groupe de de femmes les a rejoints, parmi elles, bien sûr, Myriam Marie-Madeleine, Shusha, Yokhan, qui avaient obtenu la permission de leur mari pour entreprendre ce voyage et plusieurs autres, les épouses des artisans et aussi certaines femmes qui exerçaient une profession moins honorable.

Joseph avait décidé de prendre la route le long de la vallée du Jourdain, pour des raisons de sécurité, en évitant les multiples menaces et harcèlements par les Samaritains et en se joignant à d’autres groupes de pèlerins. Plus le groupe était important, plus la protection contre les assauts des bandits de grands chemins était assurée.

Lorsqu’ils arrivèrent au camp de Jean le Baptiste, ils traversèrent le Jourdain afin d’y rester toute la nuit et toute la journée suivante. Certains des disciples qui ne connaissaient pas Jean ont été étonnés par la multitude de personnes qui se réunissaient pour écouter les sermons du Baptiste. Alors que le flux des pèlerins, sur la route en direction de Jéricho et Jérusalem, augmentait, le nombre de fidèles augmentait également, ils restaient alors un ou plusieurs jours avec Jean.

Enfin, les Galiléens ont repris leur voyage, arrivés à Jéricho ils sont montés sur la montagne de Judée. Ils ne sont pas entrés immédiatement à Jérusalem, ils sont restés dans la maison d’un vieil ami de la famille, Lazare de Béthanie.

Le voyage de Joseph avait un double objectif, dont il n’avait parlé à personne. En dehors de sa participation aux rituels du Temple, il avait également prévu d’acheter une maison. D’une part, il voulait étendre son activité à la capitale des Juifs et d’autre part, il ne voulait pas passer ses vieux jours dans un petit village, ce qui était le cas de Nazareth. Il voulait plutôt vivre dans le centre même du Judaïsme, dans sa chère Judée.

À ce moment-là, un homme immensément riche vivait à Jérusalem, son nom était Buni. Il contrôlait toutes les branches d’activité que tu peux imaginer, de l’immobilier à la construction et à la vente de métaux. Pour Joseph, Il était l’homme approprié à rencontrer lors de la recherche d’une maison dans la ville.

Les deux hommes, comme c’était l’habitude en ces temps-là, passèrent beaucoup de temps à échanger des formules de politesse, demandant après la santé de l’autre, jusqu’à ce qu’ils en viennent au sujet leur rencontre. Accompagné par un groupe de serviteurs, Buni a montré à Joseph une variété de maisons, d’une cabane qui s’effondrait presque sous son propre poids, et que Buni vantait comme un véritable palais digne même de Salomon, à un logement décent que Joseph aima et qu’il décida d’acheter. La négociation habituelle sur le prix s’en est suivi, jusqu’à la demande exorbitante de Buni et l’offre ridicule de Joseph se rencontrent à mi-chemin.

Alors, au cours d’un dîner exubérant, les deux ont célébré la conclusion de leur négociation. Cela a pris toute la journée, mais, nous les orientaux, nous n’étions pas pressés dans les affaires. Finalement Buni jeta un regard plein de curiosité envers Joseph et lui demanda : « Joseph, vous m’avez dit que vous êtes de la Galilée, mais votre accent est différent. »

« C’est vrai. C’est vrai. Je suis né et ai grandi en Judée, à Bethléem. Mais maintenant, je vis et gère mon entreprise à Nazareth. Mais j’ai l’intention de passer mes vieux jours à Jérusalem ».

« Une sage décision. Jérusalem est la cité de Dieu, de la paix, le centre du monde. Mais, comme vous me dites que vous vivez en Galilée, peut-être vous pouvez assouvir une de mes curiosités. Je me suis laissé dire qu’il y a un nouveau prophète là-bas qui réalise beaucoup de miracles. Il est dit qu’il se considère lui-même comme le Messie. Et maintenant il semble qu’il soit ici en train de prêcher dans Jérusalem. Que savez-vous de lui ? »

Joseph a décelé de l’inquiétude dans la voix de Buni, il le sentait préoccupé. Buni, comme un riche homme d’affaires, craignait ces prophètes autoproclamés. Leur présence a toujours été signe de troubles : troubles chez les personnes, rebellions contre les Romains – ces crises politico-militaires n’étaient vraiment pas bonnes pour les affaires. Toutefois, ses craintes et soucis avaient des racines beaucoup plus profondes. Les zélotes, qui profitaient toujours du mécontentement populaire, aimeraient certainement lui couper la gorge, car ils le considéraient comme un collaborateur des oppresseurs romains. Et c’est vrai, Buni faisait aussi beaucoup d’affaires avec eux.

En plus d’être un marchand qui réussissait en affaires, Buni occupait une position préférentielle dans le Sanhédrin, le Haut Conseil des Juifs, en tant que l’un des trois conseillers supérieurs. C’était un homme cultivé, un expert en Droit et dans les Écritures. Il invitait fréquemment les sages de la Loi pour examiner avec eux les sujets qui l’inquiétaient ou qui l’intéressaient.

Joseph ravala sa salive et dit : « Faites-vous référence à l’homme appelé Yeshoua ha Notzri ha Mashiakh, Jésus de Nazareth, le Messie ? »

« Oui, c’est bien lui ! »

« Eh bien, à vrai dire, il est mon fils, Yeshua ben Yosef. »

Les yeux de Buni se sont ouverts avec surprise. « Ah, ……. je vois. Eh bien, vous devez alors savoir ce qu’il prêche. Parlez-moi de lui. »

Alors Joseph, se sentant malade à l’estomac, lui parla de Jésus, de toute l’histoire, des circonstances étranges entourant sa naissance, de leur séjour en Égypte, jusqu’au début de sa mission. Et il n’a pas caché sa propre incompréhension.

Buni sourit. « Joseph, je vous remercie pour votre franchise. Vous êtes un homme que j’apprécie beaucoup. Je voudrais vous demander une grande faveur. Mes serviteurs ont écouté votre fils alors qu’il prêchait sur les marchés, et, ce qu’ils m’ont dit, je ne le comprends pas. J’aimerais parler à votre fils. Je voudrais moi-même découvrir, quelles sont ses idées et doctrines. En vérité, cet homme a éveillé ma curiosité. Vos mots apaisent mes inquiétudes puisqu’il n’incite pas à la violence, mais prêche plutôt la paix. »

Et c’est ainsi que Joseph a organisé une rencontre entre Jésus et Buni dans sa nouvelle fierté, sa propre maison à Jérusalem. Tu comprends, mon cher H____ , que je n’ai pas reproduit les paroles exactes de la conversation, mais seulement ce que Buni et Joseph m’en ont dit. Bien entendu, je n’étais pas présent lors de cette conversation.

Le lendemain soir, Buni, accompagné de plusieurs fonctionnaires qui lui servaient de gardes du corps, est venu à la maison de Joseph afin de parler avec Jésus.

Le Maître lui a parlé du Royaume de Dieu, de l’Amour que le Père Céleste propose à tous ses enfants, bref, tu sais déjà quels étaient et sont toujours ses enseignements. Et Buni écoutait avec beaucoup d’intérêt, mais évidemment sans comprendre. Ce n’était pas surprenant. Nous avions passé des mois avec le Maître, et nous n’avons pas profondément compris son message.

« Je vois, Rabbi, » dit Buni, « que votre connaissance des écritures est grande et que vous êtes un homme sage. La sagesse va au-delà de la connaissance. Dites-moi, s’il vous plaît, comment êtes-vous arrivé à toutes ces conclusions. »

Jésus, avec un sourire sur ses lèvres, récita le passage suivant de l’Ancien Testament :

Je vous retirerai d’entre les nations, je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous ramènerai dans votre pays.

Je répandrai alors sur vous une eau pure, et vous serez purifiés; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles.

Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair.

Et je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois.

Et vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères; vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu.

« Il s’agit d’une citation d’Ézéchiel ! » s’écria Buni avec étonnement.

« C’est exact, » répondit Jésus. « Et Jean le Baptiste applique déjà l’eau de purification, comme symbole du moment qui est venu quand le Seigneur jette Ses Esprits sur l’humanité.

En vérité, en vérité, je vous le dis, si un homme ne naît pas de nouveau, il ne peut pas voir le Royaume de Dieu. »

Et Buni l’a regardé plein de confusion : « Comment un homme peut-il naître alors qu’il est vieux ? Peut-il entrer pour la deuxième fois dans le ventre de sa mère et naître ? »

Jésus répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si un homme ne naît pas de nouveau, il ne peut pas voir le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Ne vous étonnez pas de que je vous dis, vous devez être nés de nouveau. »

Maintenant, mon cher H____ , dans certaines traductions de la Bible, tu trouveras « nés de nouveau » et dans d’autres « né d’en haut ». La raison de cet écart est tout simplement que Jésus a dit en araméen : « Mitiled min d’resh », qui signifie, « né de la tête », une expression idiomatique, qui peut être comprise comme « né d’en haut » ou « né de nouveau ».

Buni ne comprenait toujours pas. Alors, Jésus continua : « Le vent souffle où il veut, et vous entendez le bruit; mais vous ne savez pas d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. »

Buni a répondu : « Comment est-ce possible ? »

Et Jésus, avec un sourire sur ses lèvres, a répondu : « Jésus lui répondit : Vous êtes le docteur d’Israël, et vous ne savez pas ces choses ! En vérité, en vérité, je vous le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; et vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas quand je vous parle des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes ? »

Jésus a déjà livré une explication merveilleuse de ces mots. Buni ne pouvait pas comprendre le fonctionnement du vent, un phénomène matériel, par conséquent, il ne pouvait pas comprendre le fonctionnement d’une chose spirituelle, la Nouvelle Naissance. C’est un jeu sur des mots, puisque le mot Hébreu « ruakh » et le mot Araméen « rukha » signifient « vent » , « souffle » et « esprit ». Le Maître aimait les jeux de mots, transformant le contenu abstrait en expériences quotidiennes, les rendant compréhensibles pour le monde.

Je voudrais également attirer ton attention sur le fait que Jésus a aussi expliqué et témoigné de sa propre expérience de la Nouvelle Naissance : « Nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu. »

Buni était encore confus, mais profondément impressionné. À l’avenir, chaque fois qu’il y avait la possibilité de le faire, il rendrait témoignage au discours du Maître, et il deviendrait son disciple, mais pas ouvertement. Il utiliserait sa richesse pour soutenir le mouvement grandissant du Maître, et il allait devenir la personne clé en favorisant la carrière politico-religieuse de Joseph, facilitant son acceptation dans le sein du Sanhédrin.

Je vois, tu comprends que ce que je t’ai dit est l’histoire de Nicodème. Et tu te demandes pourquoi je l’ai appelé Buni.

Eh bien, en fait il s’appelait Buni ben Gourion, et c’était un homme de grande renommée. Sa réputation en tant qu’homme religieux et riche était telle que même le Talmud babylonien mentionne son nom. Tu peux y lire que son surnom était « Nakdimon », ainsi que l’explication de son sens. Néanmoins, cette explication n’est pas vraie; elle est seulement le produit de la fantaisie de l’auteur, dans son effort de donner un sens à ce nom. Tu peux y trouver également des récits sur sa vie, mais ils sont faux, rien d’autre que des légendes. Mais à la base des légendes, la vérité résonne souvent. Ils disent que Nakdimon a été puni par Dieu car il n’a pas utilisé comme il devrait sa richesse. En fait, Dieu ne l’a pas puni. Lorsque Pilate, Anne et Caïphe ont décidé d’anéantir le mouvement de Jésus, ils ne se sont pas contentés de tuer son chef, le Maître, mais ils ont voulu également couper toutes les sources de revenus. Par conséquent, selon leur compréhension, le mouvement, dépourvu de direction et de ressources, s’écroulerait de lui-même. C’est la raison pour laquelle Buni a péri sous les poignards de meurtriers, et Lazare a dû abandonner sa maison et chercher un abri à l’extérieur de la Judée. Mais, de tout cela, nous parlerons dans un autre message.

Buni s’est opposé à la mascarade appelée « jugement » contre le maître, une voix solitaire contre un mur de haine. Aussi cette attitude ne lui a pas gagné la sympathie des Sadducéens et des autorités romaines. En raison de son opposition à la condamnation de Jésus, les gens lui ont conféré le surnom de « Naqiy Dam » ou « innocent du sang » ; par conséquent, son surnom n’a rien à voir avec l’interprétation grecque de son nom « NikodhmoV » comme « conquérant ». Le surnom a été sélectionné en allusion à plusieurs passages de l’ancien Testament, en précisant « dam naqiy » ou « sang innocent », comme dans les Psaumes.

Mon cher frère, ce fut un très long message. Cependant, j’ai voulu profiter de l’occasion pour présenter Nicodème, un personnage peu connu de la Bible. Cette rencontre entre Buni et le Maître est le seul endroit dans tout le Nouveau Testament où la Nouvelle Naissance est directement évoquée; c’est un passage clé pour la compréhension de la vraie doctrine Chrétienne. Pour cette raison, je m’excuse pour les détails peut-être exagérés de ce message, mais je crois que cela fut utile.

Maintenant, va te reposer, j’écrirai prochainement un autre message où notre incompréhension honteuse viendra une fois de plus à la lumière du jour. Jusque-là, je te souhaite la bénédiction du père, Judas de Kerioth.

© Geoff Cutler 2013

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