Messages Contemporains 2002

Le retour à Capharnaüm

Judas - reçu par H____ le 5 Février 2002, Cuenca, Équateur.

Mon cher frère H____ , hier nous avons terminé notre histoire avec le retour de Jésus sur le lac après son baptême. J’ai dit que cet événement était très important, parce qu’il a permis aux premiers disciples de suivre le Maître. Il est vrai que, bien que Nathanaël ait été impressionné et ait réfléchi sur ce que Jésus lui avait expliqué, il est resté à la maison, et Jésus s’en est allé seul. Mais maintenant, le temps du changement était venu.

Jésus n’est pas retourné seul de sa rencontre avec son cousin. Comme je l’ai dit, il y a eu quelques disciples qui ont bien voulu assumer la même vie rigoureuse que John s’était imposé à lui-même. Et donc il y avait un mouvement constant, un flot de pèlerins allant et venant.

Je pourrais dire que la personne qui était plus proche de Jésus pendant la marche vers Capharnaüm était un homme court, trapu, avec la barbe et la calvitie, tu sais déjà qu’il se nommait André. Il avait écouté ce que Jean avait dit, que Jésus était le Messie, et naturellement, une conversation a commencé peu de temps après avec le maître. André n’était pas un type loquace, mais comme tu le dis : Celui qui a un cœur plein ne peut s’arrêter de parler.

André, avec sa manière directe, demanda à Jésus s’il était vraiment le Messie attendu par les Juifs, et le Maître l’a affirmé. André lui a alors dit qu’il avait beaucoup d’amis, sympathisants des Zélotes, soucieux d’expulser les Romains haineux et qui souhaitaient mettre en place, une fois de plus, le Royaume d’Israël, une théocratie où le Messie gouvernerait avec justice et sagesse, et où la puissance d’Israël s’étendrait sur toute la surface de la terre.

Jésus a tenté de lui expliquer que cette conception du Messie n’était pas vraiment correcte, mais c’était en vain. Oh, cet André ! Je me souviens que parfois plusieurs semaines passaient sans qu’il ouvre la bouche, mais lorsqu’il commençait à parler, il était impossible de l’arrêter. Et il semble que l’ouverture de la bouche couvrait les oreilles, parce qu’il n’aimait pas ce que Jésus lui avait dit. André a donc continué, sans payer la moindre attention. Donc, si j’ai dit que André a ouvert une discussion, je ne m’exprimais pas avec précision. Il a lancé un monologue, long de plusieurs kilomètres, du camp de Jean le Baptiste jusqu’à leur arrivée à Capharnaüm. Mentalement, il s’apprêtait à la « guerre sainte ».

André fut impressionné. Ce n’était pas la façon dont Jésus lui expliquait les choses. Comme je l’ai déjà dit, il n’a pas porté la moindre attention, mais c’était plutôt la personnalité de Jésus. Tu sais très bien que parfois tu rencontres des gens qui ont « quelque chose de spécial » d’attirant, et Jésus avait un charisme, mon Dieu, qui était énorme.

Lorsqu’ils ont atteint le village, André a conduit Jésus vers le bateau de Pierre, échoué près de la maison, où les frères vivaient avec leur famille. C’était la première rencontre du futur chef du mouvement chrétien avec le Maître. Mais de cela nous parlerons la prochaine fois.

Aujourd’hui, tu as lu dans le livre [« le Pèlerin de Compostelle » de Paulo Coelho] au sujet des trois formes d’amour, que les Grecs appelaient « éros », « philos » et « agapé ». J’ai également remarqué que l’explication de l’auteur ne te satisfaisait pas, surtout au sujet de la relation du mot « enthousiasme » avec le mot amour.

Il y a une part de vérité dans ses paroles, mais il y a aussi quelques erreurs. Bientôt, je consacrerai un message à ce sujet, sur les formes de l’amour, leur mauvaise traduction dans de nombreuses versions de la Bible et sur la transformation de l’amour. Néanmoins, en dépit de tous ses défauts, il est utile de poursuivre la lecture de ce livre.

Quand nous renonçons à nos rêves et trouvons la paix, nous traversons une période de tranquillité. Mais les rêves morts commencent à pourrir en nous et infectent notre environnement tout entier. Nous devenons cruels envers ceux qui nous entourent, et puis nous commençons à diriger cette cruauté contre nous-mêmes. C’est alors que la maladie et les psychoses se développent. Ce que nous avons voulu éviter de combattre – la déception et la défaite – deviennent le seul héritage de notre lâcheté. Et un beau jour, les morts, les rêves corrompus rendent l’air difficile à respirer, et nous recherchons effectivement la mort qui peut nous libérer de nos certitudes, de notre travail et de la paix terrible de nos dimanches après-midi.

Voilà ce que les messages de James Padgett appellent « pour se reposer dans l’assurance que fournissent les croyances ». L’auteur a bien compris cela, et c’est pourquoi il encourage ses lecteurs à rêver, à combattre et à se remettre en question, bref, qu’ils soient eux-mêmes et pas ce que d’autres attendent qu’ils soient.

C’est une vérité profonde. Il faut dire à chacun : Suivez votre chemin, écoutez votre voix intérieure, soyez fidèle à vous-même et faites tout ce que vous jugez correct, sans crainte. Si vous faites tout cela dans l’amour, vous avez certainement trouvé votre voie sûre.

« Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait une belle confession en présence d’un grand nombre de témoins. »

Ainsi la Bible l’exprime.

Que Dieu te bénisse.

Judas.

© Geoff Cutler 2013

Lien vers les messages des années 2002

Lien vers la liste des messages contemporains classées par année