Messages Contemporains 2002

Judas et Jean le Baptiste

Judas - reçu par H____ le 20 Février 2002, Cuenca, Équateur.

Bonjour, mon petit frère.

Je veux te faire revenir, en esprit, dans ton enfance. Une journée d’été, tu as demandé à tes parents de te permettre d’être un servant d’autel pour l’église catholique. Ils furent très surpris, car ils n’étaient pas et ne sont toujours pas religieux, et aucun de tes amis n’était un servant d’autel. Cependant, ils t’ont accordé ce souhait.

Tu as dû passer quelques semaines dans un cours d’introduction où tu as appris les prières en Latin, « Pater Noster » et le « Confiteor », etc., ce qui ne t’a pas beaucoup dérangé..

[H : C’est vrai, je me rappelle bien de cet épisode. Ce que je ne comprenais pas alors, c’était pourquoi il était nécessaire de réciter ces mots que je ne comprenais pas. Mais avec le Concile Vatican II, les choses ont changé.

Il semble que j’ai toujours eu une « fibre religieuse ».]

Certainement. Tu as aimé, au début, ton expérience comme servant d’autel, mais finalement tu t’es senti très malheureux. Et, après à peine un an, tu ne t’es plus présenté pour servir à la messe. Je veux que tu décrives tes sentiments.

[H : Il est difficile de donner les raisons. C’est simplement que je ne me sentais pas bien. L’atmosphère de l’église était sombre, le prêtre était très vieux et sérieux, mais je pense que ce qui m’a le plus déçu était qu’il prêchait toujours la joie et le bonheur apporté par le Salut de Jésus, mais je ne ressentais pas cette joie. Tout était si grave. Je dirais presque qu’elle me faisait frissonner, avec une « peur sacrée » dans l’air. Je pensais que : Si nous devons nous réjouir, pourquoi ne pas danser ? Pourquoi la musique est si lente, si grave ? Pourquoi tout le monde affiche un visage aussi sérieux ? Pourquoi les gens sont dérangés lorsqu’un bébé pleure dans l’église ? Si le ciel est comme ça, certainement je ne l’aime pas.]

Et à partir de là, tu t’es progressivement séparé de l’église.

Maintenant je voudrais t’en dire un peu plus sur moi-même. Tu sais déjà que j’ai quitté mon domicile pour voir le monde. Le premier endroit que j’ai visité était Jérusalem. Bien sûr, je connaissais déjà la ville. Cependant, elle m’a fasciné.

À Jérusalem, j’ai entendu dire qu’un nouveau Prophète prêchait dans la vallée du Jourdain, plus au nord et que les gens étaient fascinés par lui. Tu sais, j’ai toujours eu également une « fibre religieuse » , comme tu l’as juste exprimé. Il était donc logique que peu après j’ai cherché à rencontrer ce Saint homme.

Jean était certainement une personne impressionnante, honnête dans tout ce qu’il disait et faisait, indépendamment de toute conséquence. Je suis resté quelques jours dans son camp, écoutant ses sermons, partageant sa vie ascétique et observant avec étonnement le grand nombre de personnes qui lui rendaient visite.

Néanmoins, je me demandais si je m’imaginais vivre ce genre de vie. Et ma réponse était définitivement non.

Et là, tu te souviens de ce que tu as ressenti dans ta courte expérience de servant d’autel. Tout semblait tellement sombre, donc dépourvu de bonheur ou de joie. J’avais très bien compris qu’il était nécessaire de regretter les nombreuses erreurs que nous avions faites, mais était-ce la vie que Dieu nous destinait à vivre ? Je ne le pensais pas. Non, malgré toute ma gratitude pour Jean, je ne pouvais pas m’imaginer comme son disciple. J’ai donc décidé de partir pour les villes grecques de la Décapole.

[Rires de Judas.] C’est drôle de penser comment l’enthousiasme change le cours de l’histoire. La belle-mère de Peter était unique. Elle avait témoigné dans tout Capharnaüm avec sa volubilité incroyable, et c’est pour cette raison que Matthieu a suivi Jésus, parce que si sa rencontre avec le maître s’était produite alors que Matthieu était dans un autre état d’esprit, son futur aurait certainement été différent.

Alors que je me préparais à partir, certaines personnes qui venaient de ce village ont parlé du miracle du Maître. J’ai alors découvert que Jean et le Maître s’étaient rencontrés une fois, et que Jean avait déclaré qu’il était le vrai Messie.

Il semble que la belle-mère de Pierre soit la première personne à avoir proclamé la bonne nouvelle [rires de Judas].

J’ai immédiatement changé mes plans et je me suis dirigé vers la mer de Galilée. Je voulais simplement rencontrer le Maître. Peut-être je trouverais en lui ce que je cherchais.

Mais nous parlerons ultérieurement de ma rencontre avec le Maître. Je veux seulement te dire que j’ai immédiatement réalisé avoir vraiment trouvé ce « quelque chose » qui manquait tellement à Jean. Jésus non seulement nous inspirait à vivre, il nous a aussi appris à respirer la vie. Tu sais cela déjà.

Les églises orthodoxes de l’époque actuelle prétendent suivre la voie du Maître, mais en réalité, elles sont restées derrière le camp de Jean le Baptiste.

Je tiens également à te dire que je suis heureux que tu aies appris comment prier. Mieux vaut tard que jamais. Et que cette « peur sacrée » , comme tu l’appelais, n’existe plus. Le langage de ta prière n’est pas important, tu sais cela. Tes mots ne parviennent pas à Dieu, c’est la chaleur de l’incendie dans ton âme qui lui arrive.

Eh bien, mon petit frère, il est le temps de terminer. Jusqu’à la prochaine fois, avec ma bénédiction, je te dis au revoir,

Yehuda ‘ish Kerioth, Judas, l’homme de Kerioth.

© Geoff Cutler 2013

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