Messages Contemporains 2002

Le vrai sens des paroles de Jésus

Judas - reçu par H____ le 19 Février 2002, Cuenca, Équateur.

Bonjour, mon petit frère.

Tu sais, le sujet d’aujourd’hui m’attriste presque, parce que je voudrais parler d’une beauté extraordinaire que je ne peux pas vraiment partager. C’est un problème de langage, ou peut-être il serait préférable de dire que c’est un problème lié aux façons de penser.

Il y a quelques jours, M____ t’a envoyé un message où il te disait avoir trouvé dans les Évangiles apocryphes certaines paroles supposées de Jésus, telles que :

Celui qui boit de ma bouche deviendra comme moi; Je dois moi-même « – c’est-à-dire le Christ – » devenir cette personne, et les choses cachées lui seront révélées.

« Nous as-tu quitté et t’es-tu séparé de nous ? » Mais Jésus a dit : « Non, mais je dois rejoindre le lieu d’où je viens. Si vous souhaitez venir avec moi, venez » Tous répondirent et dirent, « Si tu nous le demandes, nous venons. »

Il a dit : « En vérité je vous le dis, personne n’entrera jamais dans le Royaume des cieux à ma demande, mais (seulement) parce que vous êtes vous-mêmes complet… Donc, je vous le dis, « Devenez complet et ne laissez aucun espace, en vous, vide. »

Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, toutes les paroles de Jésus ne sont pas présentes dans les Évangiles canoniques, et certaines de celles qui y sont n’apparaissent pas dans leur forme originale. Même celles qui apparaissent sous leur forme originale ont perdu une grande partie, ou presque, de leur beauté originelle suite à une mauvaise traduction. En disant cela je ne pense pas à la traduction du Grec en Anglais, mais à celle faite à partir de la langue originale dans laquelle ces écrits ont été livrés, c’est à dire de l’Araméen en Grec.

Comme tu le sais, les apôtres n’avaient pas l’intention, au début, d’enregistrer les paroles et les actes de Jésus et de les transcrire sous forme écrite, puisqu’ils s’attendaient à son retour immédiat. Mais avec le temps, certains d’entre eux ont commencé à écrire. Ils n’ont pas créé une histoire comme je le fais maintenant, mais ils ont écrit ce que Jésus avait dit, juste comme ils s’en souvenaient. Les actes et les actions du Maître ne les intéressaient pas tellement. Ce qu’ils voulaient enregistrer sous une forme pure, c’était ses enseignements. A l’époque, pratiquement personne ne s’intéressait à la biographie de Jésus.

Par conséquent, plusieurs écrits sont rapidement apparus, des recueils de paroles dans la langue Araméenne circulant dans la partie orientale de l’empire où l’Araméen était compris et utilisé comme lingua franca du commerce. De ces écrits, des traductions grecques furent produites, étant donné que le Grec était compris aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest. Les originaux Araméens furent oubliés ou perdus, leur intérêt disparaissant parallèlement à la perte d’influence de cette langue, surtout après la Première Guerre Juive.

Les traducteurs de ces écrits furent confrontés à beaucoup de problèmes, principalement, peut-être, parce qu’en Araméen un seul mot a beaucoup de sens, alors qu’en Grec beaucoup de mots pouvaient être utilisés pour exprimer une idée. Lors de la traduction, ils devaient donc choisir parmi plusieurs mots Grecs afin de reproduire le sens d’un mot Araméen. Et comme il arrive si souvent dans la vie, à de nombreuses reprises, ils n’ont pas fait le bon choix.

Ultérieurement, lorsqu’un certain intérêt s’est développé au sujet de Jésus et de sa vie, plusieurs auteurs ont réuni ces recueils de paroles et ont construit une histoire autour d’elles, en grande partie fictive, basée en partie sur la tradition, avec des intentions liturgiques. Ce qu’ils ne comprenaient pas, ils l’ont simplement ignoré et ne l’ont pas intégré dans leurs écrits.

Les deux énoncés ci-dessus sont des exemples. Ils sont authentiques, et une fois de plus je tiens à féliciter M____ pour son sens aigu, reconnaissant les vraies perles au milieu de beaucoup de choses fausses. Mais même si elles n’étaient pas des paroles authentiques de Jésus, il aurait été utile de les utiliser, car elles contiennent la vérité. Et pour trouver la vérité, même quand elle est originaire d’un temps ancien, c’est toujours bon.

Ce sont deux déclarations faisant état de l’Amour Divin et de la transformation de l’âme, un enseignement qui, dans la partie païenne de l’église, s’est très vite perdu. Quel dommage !

Mais je voudrais revenir au problème de la langue. Dans un message reçu par l’intermédiaire du Dr Samuels, Jésus a déjà souligné un exemple très typique et inoffensif :

Il y a plus de choses dont que je voudrais vous parler et cela concerne les mots : « Il est plus facile de faire passer un chameau par le chas d’une aiguille qu’il ne l’est pour un homme riche d’entrer dans le Royaume des Cieux. » Je n’ai pas utilisé le mot « chameau » car il n’a aucune association avec le mot « aiguille », et il ne m’est jamais venu à l’idée de l’utiliser, comme on le retrouve dans de nombreuses versions du Nouveau Testament.

J’ai dit sans danger, parce que je ne fais pas allusion à la substitution du mot « mortel » pour le mot « riche ». En araméen, chameau se dit « gamla », mais « gamla » signifie aussi la corde ou le câble. Cela a déjà été expliqué, mais c’est un bel exemple de comment le traducteur a choisi la mauvaise correspondance de mot parmi plusieurs possibilités.

Regardons un autre exemple. Dans Luc 14:26, nous lisons :

Si quelqu’un vient à moi, s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

Le mot araméen « sanah » signifie haïr et détester, mais il signifie également « séparer » ou « s’éloigner ». Si nous utilisons la seconde variante pour la traduction, ce texte très controversé acquiert soudain un sens très différent.

Cette citation biblique apparaît également sous une forme mutilée dans l’Évangile apocryphe de Thomas :

Quiconque ne haït père et mère ne ne peut pas être mon disciple, et celui qui n’aime pas son père et sa mère ne peut pas être mon disciple. Parce que ma mère, qui a m’a donné naissance, était une femme simple, mais ma mère véritable m’a donné la vie.

Cela n’a aucun sens, non plus, sous la forme sous laquelle je l’ai reproduit. En fait, cela n’a rien avoir avec le fait de détester ses parents, il est seulement question de de se détacher de ses parents, et la « vraie mère » est l’Esprit-Saint, qui, en Araméen, est féminin.

Il s’agit d’un autre exemple typique où le traducteur a choisi à tort parmi les traductions possibles. Ce n’est pas le seul problème.

Les mots Araméens permettaient parfois un excellent jeu de mots, lequel a totalement disparu dans la traduction, produisant quelques déclarations très controversées, qui ne figuraient pas de cette façon dans l’original. Dans Matthieu 19:12 nous lisons :

Car il y a des eunuques, qui sont nés ainsi du ventre de leur mère : et il y a des eunuques qui ont été faits eunuques d’hommes : et il y aura les eunuques, qui se seront fait eunuques pour le Royaume de l’Amour du Ciel. Celui qui est capable de le recevoir, qu’il le reçoive.

Cela est également traité par Jésus dans un message reçu par le Dr Samuels. Mais j’ai voulu aller un peu plus profondeur, parce qu’une fois de plus, nous trouvons un mot Araméen avec un double sens. Dans un autre cas, nous trouvons le mot eunuque1 dans les Actes des Apôtres :

Et voici un homme d’Éthiopie, un eunuque ayant une grande autorité auprès de Candace, reine des Éthiopiens, qui avait la garde de tous ses trésors, et qui était venu à Jérusalem pour adorer

Ici, nous voyons le cas absurde qu’un eunuque éthiopien est venu à Jérusalem pour l’adoration dans le Temple du Seigneur. Selon la Torah, les eunuques ne pouvaient en aucun cas se convertir au Judaïsme, par conséquent, cet éthiopien n’a pas pu être un prosélyte et les Juifs castrés étaient exclus du Temple et de toute Assemblée religieuse.

Le mot « eunuque » en araméen original, dans les deux cas, est « imhaimna », ce qui en fait peut signifier eunuque, mais aussi « croyant » ou « homme fidèle ».

Dans le premier exemple de l’Évangile selon Matthieu, nous pouvons apprécier un excellent jeu de mots. Dans le second cas, la traduction est tout simplement mauvaise. Il était un Éthiopien, un homme fidèle ou croyant.

Comprends-tu maintenant ma tristesse ? Lorsque tu lis les paroles de Jésus, tu ne peux même pas saisir l’ombre de ce qu’il était vraiment.

Le temps est venu de se dire au revoir. Puisse Dieu te bénir toujours.

Judas de Kerioth.

  1. Homme castré chargé de fonctions administratives et militaires importantes, ainsi que de la garde des harems impériaux.

© Geoff Cutler 2013

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