Messages Contemporains 2001

Une question sur l’épître aux Éphésiens

Judas - reçu par H____ le 10 Septembre 2001, Cuenca, Équateur.

Mon cher H____ , avant de poursuivre l’histoire de mon voyage à travers les sphères du monde spirituel, je voudrais répondre à la question de M____ sur un passage de l’épître aux Éphésiens concernant, au chapitre 4, le verset 13 :

Jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ.

M____ suspecte que « l’homme parfait » signifie ici « revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité. » Éphésiens 4:24 autrement dit, étant un possesseur de l’Amour Divin. En supposant que cela signifie « possesseur de l’Amour Divin », est-ce que « l’homme parfait » signifie « celui qui a connu la Nouvelle Naissance », ou n’importe quel possesseur de l’Amour Divin ? Mon cher frère M____ , malgré tes doutes, tes perceptions sont vraiment très justes et tu devrais vraiment avoir un peu plus de confiance en toi.

C’est vrai, dans le contexte susmentionné, l’expression « homme parfait » se réfère à l’homme qui a reçu l’Amour de notre Père Céleste, il ne fait pas référence à l’homme parfait dans son amour naturel, comme ce terme est défini dans les messages de James Padgett. Toute une série de versets pointe vers ce thème. Et, dans ces versets, tu peux également trouver la clé pour la meilleure compréhension de ce passage.

« Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême », cela, bien sûr, fait référence à un vrai baptême dans le Saint-Esprit, c’est-à-dire la réception de l’Amour Divin par l’intermédiaire de l’Esprit Saint.

Mais le plus important dans ce contexte est le verset 7, déclarant que « à chacun d’entre nous est donné grâce selon la mesure du don de Christ. »

Comme tu l’auras compris, M____ , la perfection n’existe que dans le Père. Tous les mortels et tous les esprits peuvent se rapprocher de la perfection, comme dans le cas d’une courbe asymptotique, mais nous ne deviendrons jamais parfaits comme le Père.

Cependant la forme de perfection évoquée par Paul, est l’absence du péché. Les mortels peuvent obtenir suffisamment d’Amour Divin, même en vivant sur la terre, pour atteindre cet objectif.

Quant à ta question, à savoir si Paul fait référence à n’importe quel homme qui a reçu une certaine quantité de l’Amour Divin, ou à ceux qui ont connu la Nouvelle Naissance, demande-toi s’il est nécessaire d’obtenir la Nouvelle Naissance afin de s’affranchir du péché, ou si cela est également possible sans la Nouvelle Naissance. Tu peux répondre toi-même à cette question.

Le chapitre 4 de l’Épître aux Éphésiens est un texte très difficile et dangereux. Il s’agit non seulement de son contenu, mais aussi de la façon dont ce chapitre a été traité au cours de l’histoire. Il est de notoriété publique que les évangiles ont souffert de graves altérations lors de leur transmission, et, il est communément admis que les lettres de Paul ont été transmises d’une manière plus pure. S’il est vrai que de larges passages de la soi-disant Corpus Paulinum contiennent encore les propos originaux, il est aussi vrai que cet ensemble d’épîtres a également subi de sérieuses modifications.

Je ne me réfère pas simplement au fait que, par exemple, une longue lettre a été reconstituée à partir de plusieurs d’entre elles, plus courtes, que bon nombre des écrits originaux de Paul ont été perdus ou que certaines épîtres contenues dans cette collection n’ont pas été écrites par Paul, mais aussi au fait que, très tôt, lors de leur transmission, les querelles et opinions théologiques ont laissé leurs traces dans le texte.

Au tout début de la Chrétienté, au premier siècle, il y a eu une controverse entre principalement des groupes Judéo-Chrétiens pour qui Jésus était un simple mortel comme tout autre mortel, qu’il avait obtenu la « divinité » à un moment donné de sa vie, une divinité appelée Christ et d’autres groupes, principalement des Gentils, qui soutenaient que Jésus était divin dès sa naissance, mais par-dessus tout, qu’il préexistait avec le Père Céleste depuis les « débuts de l’éternité » et qu’il s’était incarné pour sauver l’humanité à travers son sacrifice.

Ce genre de conflit théologique ou idéologique se reflète toujours par des modifications dans le texte, des « corrections » ou des « améliorations », comme les auteurs les nommaient, ou comme des « falsifications », selon le point de vue de leurs adversaires.

Dans le quatrième chapitre aux Éphésiens, il y a certains versets qui ont été interposés dans l’intention d’expliciter la préexistence de Jésus, pour réfuter l’argument des Judéo-chrétiens et, plus tard, d’autres groupes composés principalement de Gentils, qui adhéraient à la même vision de Jésus, c’est à dire, qu’ils considéraient Jésus comme un homme mortel, qui avait obtenu « Le Christ », le principe Divin, un principe que tous les mortels peuvent obtenir, devenant Divin ou Christ eux-mêmes. Cet enseignement est appelé l’adoptianisme.

À compter du IIe siècle, une situation paradoxale s’est développée. Un autre groupe de Chrétiens a surgi et a enseigné que Jésus était en vérité Dieu le Père, incarné pour assumer le sacrifice de racheter l’humanité. Cette conception de Jésus, bien sûr, était inacceptable pour le groupe qui serait victorieux après quelques siècles, formant l’orthodoxie (« l’opinion correcte ») du futur, cette orthodoxie dont dérivent la plupart des confessions Chrétiennes, tant Catholiques que Protestantes. Cette situation était absurde, parce que ces Chrétiens proto-orthodoxes ont dû défendre leur position, que Jésus était Dieu, contre les Adoptianistes et celle que Jésus n’était pas Dieu le Père contre les Patripassianistes, comme se nommait un autre groupe (car, selon leurs enseignements, c’est le Père lui-même qui a souffert, à travers Jésus, la passion). D’autre part, ils ont dû se défendre contre l’accusation de prédication de polythéisme, ou Dithéisme, qui enseigne qu’il existe un Dieu supérieur (le Père) et un autre Dieu inférieur (le Fils). Des traces de manipulations en ce sens se retrouvent dans le même chapitre des Éphésiens. De cette tension et situation paradoxale provient la doctrine de la Trinité, un enseignement absurde essayant de concilier un polythéisme caché avec le pur monothéisme du Judaïsme.

Cher M____ , comme tu le sais bien, il y a même eu un autre combat qui a laissé des cicatrices profondes dans le travail de Paul, c’est la lutte entre Marcion et les Chrétiens proto-orthodoxes. Marcion a rejeté le Dieu de l’Ancien Testament comme le Dieu inférieur et même méchant des Juifs puisqu’il a enseigné et basé son enseignement exclusivement sur les dix lettres attribuées à Paul et sur l’Évangile selon Luc. Mais il n’a pas accepté les épîtres et les évangiles comme ils étaient à cette époque, mais a plutôt effectué une série de « nettoyages », supprimant, entre autres, toutes les citations de l’Ancien Testament. Les Chrétiens proto-orthodoxes l’accusèrent de falsification et, en retour, il les a accusés de falsification. Tous deux avaient raison, car les deux ont altéré les textes selon leur convenance.

Je te dis cela juste pour te rappeler qu’il est non seulement important de trouver le sens originel d’un passage dans le Nouveau Testament, mais aussi de tenter de découvrir si le passage est vraiment d’origine.

J’espère que j’ai répondu à tes questions de façon satisfaisante, M____ . Je te remercie vivement pour ton dévouement à notre travail d’Amour. Il est temps de se dire au revoir. Je tiens à étendre mes bénédictions à tous ceux qui œuvrent pour la diffusion du message de l’Amour dans le monde et je te remercie, H____ , pour le temps que tu m’as accordé.

Judas, un vrai disciple de Jésus.

© Geoff Cutler 2013

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