Messages Contemporains 2001
A Qui Jésus s’adressait-il ?
Judas - reçu par H____ le 4 Décembre 2001, Cuenca, Équateur.
Mon cher H____ , comme je te l’ai dit hier, j’ai l’intention d’aborder un autre sujet qui a beaucoup influencé Jésus. Il s’agit de la relation de Jésus envers les villes.
De nombreux spécialistes du Nouveau Testament ont souligné avec étonnement que Jésus ne s’aventurait pratiquement jamais dans les villes, il préférait voyager à travers la campagne palestinienne, visitant les gens avec qui il semblait avoir une très bonne communication. Certes, il s’est rendu à Jérusalem, mais en général, les Évangiles semblent indiquer une sorte de rejet des villes par Jésus.
Comme beaucoup de choses dans la vie, cette appréciation est à la fois correcte et incorrecte. Dans son enfance et sa jeunesse, Jésus a fréquemment visité des villes. Il a appris à connaître, Jérusalem, Césarée Maritima, Jéricho et bien sûr la ville de Sepphoris, la capitale de la Galilée, non loin de son domicile à Nazareth. Nous avons déjà mentionné que Joseph avait travaillé à la reconstruction de Sepphoris, et Jésus, naturellement, l’avait accompagné.
Mais sept ans avant le début du ministère public du Maître, le tétrarque Hérode Antipas a décidé de construire une nouvelle capitale. Il ne trouvait plus Sepphoris appropriée à sa condition. C’était une ville dans le style gréco-romain. Il y avait toutes sortes de confort, mais fondamentalement, elle restait une ville de garnison. Cependant, Antipas avait connu une autre sorte d’opulence au cours de son séjour à Rome. Il fut fasciné par la vie frivole de Rome et il était certainement différent de Philippe. Il pensait donc que son statut comme gouverneur ou roi – parce qu’il avait l’habitude de s’appeler lui-même roi, bien qu’il n’avait en aucune façon le droit d’utiliser ce titre – nécessitait une capitale plus prestigieuse.
Plein d’enthousiasme, il mit la main aux nouveaux travaux, sélectionna un endroit sur la rive ouest du lac Génésareth, lieu situé dans une dépression géologique, bien au-dessous du niveau de la mer Méditerranée, avec un climat chaud et avec des thermes à proximité.
Antipas embaucha une armée d’ouvriers et d’artisans et il entreprit cette grande construction. Mais immédiatement un problème surgit qui conduisit presque l’entreprise à l’échec. Les travailleurs, chargés de creuser les fondations pour les bâtiments, trouvèrent les restes d’un ancien cimetière Hébraïque. C’était donc un lieu impur et les Juifs orthodoxes refusèrent de continuer à travailler.
Mais Antipas insista, embauchant de nouvelles personnes, et finalement, avec l’aide de milliers d’esclaves, son chef d’œuvre fut achevé.
On appela la nouvelle ville Tibériade, en l’honneur de l’empereur romain Tibère. Ce n’était pas une forteresse, mais plutôt un luxueux complexe de bâtiments, ressemblant à un des ces spas pour la noblesse romaine. Le palais d’Antipas était orné de décorations de style païen, tout à fait dans le style des souverains romains, ce qui a provoqué l’indignation de l’orthodoxie Juive, mais personne n’osa protester. Même la puissante hiérarchie du Temple de Jérusalem garda le silence. Bien sûr, les prêtres du Temple n’avaient ni le pouvoir, ni le droit politique de changer les choses en Galilée, mais ils avaient l’autorité religieuse et auraient pu faire pression sur Antipas. Mais ils ne l’ont pas fait. Comme je l’ai déjà mentionné, les Sadducéens essayaient de maintenir un équilibre très fragile entre le pouvoir politique et les masses de plus en plus mécontentes.
Maintenant, tu te demandes quel est le lien de tout cela avec Jésus et son développement ?
Eh bien, la réponse est la suivante : Quand un garçon grandit, au début il croit que les adultes qui sont tellement plus grands et plus forts, ne disent que la vérité, qu’ils savent tout, qu’ils sont capables de tout faire. Mais plus tard, viennent les moments de désillusion. Dans le cas de Jésus, il se rendit compte qu’il trouverait rarement des gens disposés à l’écouter dans les villes. Par exemple, à Tibériade, les Juifs orthodoxes refusèrent de vivre dans la ville, au moins pendant les premières décennies de son existence. Par conséquent, Antipas peupla l’endroit avec des Grecs, des Phéniciens, des païens en général, et également avec des Juifs qui avaient déjà perdu leurs racines et des paysans. Ce n’était pas l’endroit approprié pour les enseignements du Maître. Au début, durant sa jeunesse, Jésus avait pensé à se présenter aux autorités, comme le firent les prophètes des Écritures Saintes, mais le contexte de l’époque le fit changer d’opinion.
Aujourd’hui encore, tu peux te rendre compte que les paysans sont plus ouverts, et à certains égards plus honnêtes, ne faisant pas semblant d’être ce qu’ils ne sont pas et moins corrompus. En ce sens, les choses n’ont pas beaucoup changé.
Ce qui était valable dans le cas de Tibériade était aussi valable pour Césarée Maritima, Sébaste ou Samarie et pour Jéricho. Jérusalem a été la grande exception, car elle constituait le centre spirituel du Judaïsme.
Jésus a trouvé principalement ses partisans parmi les habitants des campagnes, en Galilée, Samarie et Judée, mais quelques-uns aussi à Jérusalem. Même les paysans des régions païennes, tels que la Phénicie et de la Décapole totalement hellénisée, s’avéreront être plus ouverts aux enseignements du Maître que les Juifs raffinés des grandes villes.
Quant à la classe dirigeante, les aristocrates, Jésus se rendit compte qu’il était inutile d’essayer de leur parler. La seule chose dont ils se souciaient était le pouvoir – et l’argent, bien sûr. Leur participation aux rites religieux n’était qu’une façade, ils se présentaient en public comme des hommes pieux, mais menaient, en réalité, une vie totalement différente.
Jésus savait que la Bonne Nouvelle sur la disponibilité de l’Amour de Dieu devait s’adresser à toute l’humanité. Il savait aussi qu’il ne pourrait pas accomplir cela au cours de sa vie, même s’il vivait une centaine d’années. Il était bien conscient qu’une grande partie de l’humanité rejetterait cet enseignement. Il dut choisir le champ de son action, la couche sociale populaire, à laquelle il s’adresserait. Et il a bien choisi.
Nous avons déjà beaucoup parlé de l’environnement économique, social et politique à l’époque où Jésus se préparait pour son ministère. Ce que nous n’avons pas encore complètement traité, ce sont les frictions et les conflits qui surgirent au sein de sa propre famille, à cause de la totale incompréhension des idées révolutionnaires que le Maître exprimait peu à peu.
Avec cela, je termine mon message. Tu l’as bien reçu. Si tu le permets, je voudrais te transmettre, ultérieurement, un message sur un sujet complètement différent.
Je te donne mes bénédictions et te dis au revoir. Je te souhaite de passer une belle journée.
Ton frère en Christ, Judas.
© Geoff Cutler 2013