Messages Contemporains 2001
L’enfance de Jean le Baptiste
Judas - reçu par H____ le 14 Novembre 2001, Cuenca, Équateur.
Hier, j’ai fait remarquer que le père de Jean-Baptiste, Zacharie, était un prêtre du Temple à Jérusalem. Et il t’a déjà été communiqué qu’il appartenait à la secte des Pharisiens. Pour être encore plus précis, il était un adepte de la maison de Hillel. Zacharie a certainement joué un rôle très important dans la décision de Joseph de rejoindre ce mouvement religieux.
Tout ceci semble contradictoire. Je suis conscient que les gens qui étudient l’histoire du Judaïsme du Second Temple pensent que les prêtres étaient Sadducéens, appartenant donc à un groupe religieux en compétition avec les Pharisiens. Et il y a une certaine vérité dans cela. Les prêtres les plus influents et de rang le plus élevé, et bien sûr les grands prêtres, étaient Sadducéens. Mais il est également vrai qu’il y avait beaucoup de Pharisiens dans les rangs des prêtres.
Il y a aussi l’impression que les aristocrates Juifs étaient Sadducéens, et en général cela est correct, mais il y a eu aussi des exceptions. Quant à l’aristocratie, il est nécessaire de souligner que, dans de nombreux cas, cette affiliation avait des motivations peu élevées, et favorisait plutôt la promotion d’idées d’ordre politique.
Au fil du temps, les Pharisiens ont développé un système complexe de lois pratiques et de règles de comportement. Ils chérissaient l’idée selon laquelle la loi, telle qu’elle apparaît dans les livres de Moïse, n’est pas suffisamment précise pour s’appliquer avec rigueur dans la vie quotidienne. Pour cette raison, ils ont formé la soi-disant « loi orale », qui constituait simplement les règles d’application de la loi. Par exemple, si la loi mosaïque disait que les hommes ne devraient pas travailler le samedi, il était impératif de déterminer ce que le mot « travailler » signifiait. Est-il permis pour le médecin de guérir le jour du Seigneur ? Et c’est ce système, contre lequel Jésus plus tard allait se battre, qui s’est développé. C’était un système qui fixait même le nombre d’étapes que les gens pouvaient marcher le samedi. Et, en même temps, comme d’habitude, une tradition s’est également développée pour éviter la rigueur de ce système. Des disputes, à couper les cheveux en quatre, constituaient une grande partie de ce qu’ils appelaient leur spiritualité.
En revanche, les Sadducéens, et parmi eux les grand prêtres, ont exprimé leur total rejet de cette loi orale. De plus, ils reconnaissaient exclusivement les cinq livres de Moïse, le Pentateuque ou Torah, comme les seules Écritures inspirées, rejetant tous les autres livres des prophètes, les livres d’histoire, etc. En cela ils avaient beaucoup en commun avec les Samaritains, bien qu’il les ait tant combattus.
Oui, je sais, tu as beaucoup de questions au sujet des Samaritains. Je répondrai à toutes, mais pas aujourd’hui. Chaque chose en son temps.
En ce qui concerne les Pharisiens et les Sadducéens, je voudrais simplement ajouter que les deux groupes croyaient en l’au-delà. Je dis cela parce que les écrits de l’historien Flavius Josèphe, donnent l’impression que les Sadducéens ne croyaient pas à la survie de l’âme. Mais c’est absurde! Leurs idées étaient certainement très vagues et pas très définies. Les Pharisiens avaient au moins une certaine idée d’une rétribution dans l’au-delà, d’un système de punition et de récompense. Mais leurs idées n’étaient pas claires non plus. Ce n’est pas surprenant. Demande simplement à n’importe quel Chrétien ce qu’il pense de l’au-delà, et tu seras surpris. Leurs idées ne sont pas moins floues que les idées d’il y a deux mille ans.
Tu peux donc voir que Jean-Baptiste, ainsi que Jésus, ont grandi dans une atmosphère pharisaïque régie par un code rigide de comportement. Et je peux ajouter que tous deux ont ressenti le même rejet de cette façon de percevoir Dieu et ses lois.
Par conséquent, le comportement humain dans le cadre des lois de Dieu, était souvent au centre de leurs discussions.
Alors qu’ils grandissaient et que leur caractère se formait, alors qu’ils atteignaient une certaine sagesse, nourrie par leurs expériences spirituelles, ils ont également discuté du rôle que chacun d’eux devrait jouer. Jean a reconnu que Jésus serait le Messie d’Israël, mais il ne pouvait pas évaluer tout ce que cela signifiait. Jésus a certainement essayé de faire valoir ses idées pas encore très solides, mais sans succès. Ainsi le développement indépendant de leur caractère, de leurs opinions et visions du monde, se refléterait plus tard dans leur approche complètement différente de leur mission respective. L’un vivant parmi les gens, mangeant et buvant, sans rejeter toute possibilité d’avoir du bon temps avec des amis, profitant de la vie et rayonnant de bonheur avec un profond message d’amour. L’autre, retiré dans le désert, recevant des disciples et visiteurs, mais fuyant la civilisation, restreignant son alimentation à l’instar des ermites et ascètes orientaux, prêchant le repentir, la pénitence et la sobriété. Jean réveillait la conscience de ses disciples déversant sur eux des douches froides de menace divine, Jésus enivrait ses disciples avec le doux vin de l’Amour.
La vie de chaque homme se compose d’une longue chaîne de décisions. Prendre des décisions signifie vivre, fuir les décisions signifie végéter. Et généralement, quand nous sommes confrontés à des décisions, nous ne disposons pas seulement d’un choix entre deux alternatives, mais il y a souvent un large éventail de possibilités parmi lesquelles nous pouvons choisir. Je t’ai déjà dit précédemment qu’il y a de très bonnes options, d’autres qui ne sont ni mauvaises, ni excellentes, mais, par contre, il y a de franchement mauvaises options. Dieu nous donne beaucoup de liberté dans notre développement. Jean n’a pas été forcé de vivre une vie austère dans le désert. Ce mode de vie était son choix.
Bien souvent l’objet de notre choix n’est pas ce qu’il y a de plus important, ce qui est important est de suivre la voie choisie avec persévérance et résolution. Et il est approprié de dire, et ce avec beaucoup d’amour.
Eh bien, mon frère, c’est tout pour le moment. Je te remercie pour le temps que tu m’as consacré, et je te remercie de ne pas m’oublier pendant la journée. Parfois les gens se souviennent de nous que lorsqu’ils se trouvent en difficultés. Et c’est un plaisir de venir leur apporter une main secourable. Par contre c’est aussi réconfortant de découvrir que non seulement tu apprécies mon aide, mais aussi que tu me considères comme ton ami et ton frère.
Je te donne mes bénédictions et te dis au revoir. À bientôt, ton frère en Christ, Judas.
© Geoff Cutler 2013