Messages Contemporains 2001

La révolte des contribuables en 6 après J.-C.

Judas - reçu par H____ le 25 Octobre 2001, Cuenca, Équateur.

Bonjour, mon cher frère.

Je vois que tu as suivi ma suggestion et que tu as un peu lu sur la révolte des contribuables. Mais avant d’aborder ce sujet, nous avons besoin d’analyser brièvement la situation, en Galilée, à cette époque.

Comme tu le sais, Joseph, Marie et leurs enfants étaient revenus d’Égypte. En Galilée, ils ont découvert la prospérité, principalement en raison de l’activité de construction du Régent, le tétrarque Antipas, qui a pris beaucoup de plaisir à se faire appeler roi Hérode Antipas. C’est le même Hérode qui est également mentionné dans la Bible, parce qu’il a tué Jean le Baptiste, et c’est à lui que Pilate a envoyé Jésus pour être interrogé lorsqu’il a découvert que Jésus était un Galiléen.

La capitale de la Galilée, Sepphoris, avait été détruite, et sa reconstruction procura du travail à beaucoup de personnes, dont Joseph. Joseph avait aussi soigneusement étudié les Écritures Hébraïques, suite aux événements à Bethléem, où le père d’Antipas, Hérode le grand, avait assassiné les enfants. Ceci l’avait conduit à la conviction que son fils premier-né devait être le vrai Messie pour le peuple Hébreu.

La compréhension de Joseph et son nationalisme, qui faisaient partie de la culture Juive en ce temps-là, l’ont rendu aveugle aux nombreux indices, qui, dans les écritures, enseignaient la vraie nature du Messie. Pour lui, comme pour la grande majorité du peuple, le Messie devait être un dirigeant politique et militaire qui expulserait les étrangers haineux qui dominaient leur pays, et qui rétablirait l’ancienne gloire d’Israël. Beaucoup ont même pensé que le Messie ferait d’Israël la nation dirigeante pour le monde entier.

C’est pourquoi Joseph, très sincèrement et sans mauvaises intentions, a essayé d’instruire son fils, pour le guider dans son développement et sa vision du monde. Mais il trouva une résistance inattendue. Jésus n’a pas réagi aussi docilement que Joseph avait anticipé. Jésus était encore un jeune garçon, mais malgré cela, il pouvait déjà sentir, bien qu’il ne pouvait pas le comprendre, que son père se trompait. Cela a conduit à un grave conflit. Il était un fils très obéissant, mais dès son plus jeune âge, quelque chose en lui l’empêchait d’accepter et de partager l’avis de son père.

Instinctivement, Jésus se retira un peu de sa famille. Fréquemment, il se retirait dans les collines voisines, et, dans les forêts anciennes de Galilée, il méditait et méditait. Sa mère a appelé cela son « mysticisme », mais en fait, Jésus recevait déjà des instructions et des enseignements.

Une autre très importante question est qu’Hérode le grand dépendait certainement de Rome, mais au moins il avait été un roi et nominalement indépendant. Il n’était pas Juif, mais Iduméen, mais cela n’était pas vraiment important, puisque les Iduméens étaient considérés, juridiquement, comme les égaux des Juifs.

Mais avec sa mort, le titre du roi fut perdu. Au lieu d’un roi, un tétrarque régnait maintenant, une marionnette de Rome, un vassal qui, officiellement, était un sujet de l’Empire romain, un citoyen d’un empire étranger. En Judée, la situation était encore pire selon l’opinion Juive. Là, l’ethnarque Archélaos avait été exilé par l’empereur en raison de son incapacité évidente à gouverner le pays. Mais les Romains ne l’ont pas remplacé avec un autre membre de la noblesse Juive. Au lieu de cela, le pays fut soumis à l’administration directe de Rome. Maintenant la souveraineté étrangère était ouvertement démontrée.

Il semble que la nature humaine préfère un mauvais gouvernement par des membres de son propre peuple plutôt qu’un bon gouvernement par des personnes étrangères. Mais si ce gouvernement étranger n’est pas meilleur que le gouvernement domestique, voire pire dans sa brutalité, s’il exprime aussi ouvertement son mépris contre le peuple, une forme de racisme, bien que ce mot ne soit pas tout à fait correct parce que le racisme est une invention plus moderne, alors le mécontentement du peuple ne connaît pas de limites.

La Galilée avait toujours été un foyer de révolutionnaires et de bandits. Il était parfois très difficile de faire la distinction entre le crime et la politique. Tu peux très bien comprendre cela étant donné que le même problème persiste aujourd’hui. Et, en l’an 6 de notre ère, un événement eut lieu qui a dépassé la patience de beaucoup.

L’empereur avait décrété un recensement fiscal à effectuer en Palestine. Cette région était sous la supervision du légat romain en Syrie. En l’an 6 Ap J.C, Auguste a nommé Publius Sulpicius Quirinius, gouverneur de Syrie, et le chargea du recensement. Ainsi, cela fut le recensement dont parle l’Évangile de Luc. Comme tu peux le voir, il eut lieu beaucoup d’années après la naissance de Jésus.

Auguste avait choisi Quirinius parce qu’il était un commandant militaire très compétent et aussi parce qu’il connaissait la région. De nombreuses années avant, il avait commandé les armées romaines en Syrie, lorsque Sentius Saturninus et plus tard Quinctilius Varus furent les gouverneurs de cette province romaine importante, le bastion de la frontière contre ceux qui craignaient Parthes. Mais à ce moment-là, Quirinus effectuait des opérations militaires dans ce qui est l’Anatolie aujourd’hui en Turquie, afin d’y briser la résistance des nomades. Mais à cette époque, il n’a pas effectué un recensement. Il y a des historiens qui supposent que la présence de Quirinius en Syrie ou dans cette région, l’année de la naissance de Jésus, indique que le Nouveau Testament a raison et que le voyage de Joseph et Marie fut en fait du à un recensement, mais ce n’est pas vrai. Je l’ai déjà dit. Maintenant, nous allons continuer avec la révolte.

Un recensement signifiait l’enregistrement des personnes et de leurs biens pour l’imposition des taxes, ainsi que pour le recrutement des soldats. Les deux choses n’étaient pas et ne sont pas très populaires. Et un ressentiment féroce se leva contre Rome, comme une étincelle dans une poudrière, et le peuple s’est rebellé.

Le chef de cette révolution était Judas le Galiléen, mais ce nom n’est pas correct. Il n’était pas originaire de Galilée, mais de Gamala, en Gaulonitide, des hauteurs du Golan, une région qui n’appartenait pas au territoire d’Antipas, mais était plutôt soumise à l’autorité de Philippe. Mais, bien sûr, cette ville était seulement éloignée de sept milles du lac de Génésareth.

Il a trouvé appui dans un personnage populaire appelé Tsaduk ou Zadduc, un membre de la maison de Shammai, une puissante maison des Pharisiens. En fait, c’est un surnom, «* Chagrin »*, signifiant « Celui qui est Juste. » L’historien Flavius Josèphe explique qu’une quatrième secte ou quatrième force du Judaïsme est née, les zélotes (fanatiques), mais ce n’est pas vrai. En fait, ces forces radicales existaient déjà, et elles étaient toujours prêtes, depuis un certain temps, à se battre contre l’oppression étrangère avant l’intervention de Rome, comme dans le cas de la résistance contre Antioche Épiphane. Ce qui était vraiment nouveau, c’est qu’une partie des Pharisiens a rejoint les extrémistes, a combattu à leurs côtés, contre les légions. Et ils ont perdu. Il y eut de nombreux massacres, des destructions, de la misère, bref, une expérience qui a laissé de profondes marques sur Jésus. Si, antérieurement, il n’était pas certain de vouloir opter pour une paisible messianité, il n’avait maintenant plus aucun doute.

Cette rébellion a également causé certaines fissures dans la famille de Joseph. Joseph était un homme de paix, mais à cette époque, il s’est demandé s’il devrait se joindre, officiellement, au mouvement pharisien, la Maison de Hillel. Bien qu’il eût quelque sympathie pour les terroristes, il ne les pas, activement, soutenus. Ses enfants, à l’exception de Jésus, ont soutenu les zélotes, comme la plupart des Juifs Galiléens, mais Jésus a exprimé son opposition. Son rôle en tant que futur Messie est devenu, à ses yeux, de plus en plus incertain, et même ses frères se moquaient de lui. Ils étaient jeunes, ou plutôt encore enfants, sans une perception adulte. Ils ne le comprirent pas, mais, à l’avenir, ils le comprendraient.

Les deux dirigeants, Judas et Zadduc, sont morts dans l’affrontement avec Rome. Les deux légions qui venaient de Syrie ont décimé, sans pitié, les rangs des rebelles. Deux mille zélotes furent crucifiés et six mille jeunes Galiléens furent vendus comme esclaves pour servir dans les parties occidentales de l’empire.

Les Romains avaient mis fin à la rébellion et ils avaient même tué les dirigeants. Mais le chapitre ne s’arrête pas là. Les fils de Judas auraient un impact décisif dans les futures révoltes, mourant sur la Croix, et les autres descendants inscrivirent, dans le sang, leurs noms, dans l’histoire de Massada.

Les zélotes étaient comme des terroristes d’aujourd’hui, des fanatiques religieux dont le fondamentalisme religieux se mélangeait à des ambitions politiques. Il y avait le terrible empire, qu’ils considéraient comme la source de tout mal, et dont la destruction était justifiée par tous les moyens. Il y eut une répression sévère et la mort des chefs terroristes.

Au cours de l’histoire, les zélotes sont devenus des « assassins », des hommes cachant des poignards dans leurs vêtements et qui, secrètement, assassinaient leurs ennemis. Ils ont semé la terreur parmi la population entière, ils ont abusé de leur pouvoir, allant jusqu’à tuer des personnes qui n’avaient rien à voir avec leurs objectifs, pour la simple défense de leurs intérêts. Et maintenant, ce ne sont plus des poignards qui servent cet objectif.

La réaction sévère de Rome ne résolut pas la situation, elle l’a, à peine, atténuée. Des rébellions ont éclaté à plusieurs reprises, parce qu’en réalité, rien n’avait changé. Finalement, cela a conduit à la destruction de la société Hébraïque en Palestine.

Il y a beaucoup à apprendre de l’histoire. Mais il semble que les hommes préfèrent apprendre de leurs propres erreurs, répétant ce que leurs ancêtres ont déjà vécu et souffert.

Mais nous n’allons pas transformer ce message en un sermon sur la politique. Je suis heureux que tu ais suivi mon conseil, t’informant par toi-même sur les faits historiques tels qu’ils sont connus. Cela fut beaucoup plus facile, pour moi, de délivrer ce message.

Avec cela, je te dis au revoir. Je prie que Dieu puisse verser toutes ses bénédictions sur toi et sur tous ceux qui souhaitent les recevoir. Tu peux toujours compter sur moi.

Ton frère en esprit, Judas.

© Geoff Cutler 2013

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