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Lecture de la Bible

La Nouvelle Vérité - 7 Juillet 2024

LA BIBLE NOUS PARLE-T-ELLE AUJOURD’HUI ?

La compréhension de la Bible a toujours fait l’objet de nombreux débats. Ce n’est pas la même chose de dire : « Dieu parle à travers la Bible » ou de dire « La Bible est la parole de Dieu ». La Bible est souvent présentée comme le livre le plus sûr au monde et ses grandes affirmations sont à l’origine de la constitution de bien des nations et notamment de la constitution Européenne. Même si la société occidentale contemporaine a largement tourné le dos à la religion, la Bible influence beaucoup de nos comportements moraux. Cela se traduit par des slogans tels que « Rendre à César ce qui est à César », « Reconnaître l’arbre à ces fruits », « Jeter la première pierre », « ne pas changer d’un Iota » et de beaucoup d’autres. La Bible peut parfois paraître homophobe, raciste, sexiste, voire violente. Quoiqu’il en soit, il est important cependant de pas réduire la Bible à une liste de slogans.

LA BIBLE EST LE FRUIT D’UNE LONGUE TRADITION ORALE

Dire que la Bible est la parole de Dieu peut amener à penser que tout ce qui est écrit dans la Bible est, mot pour mot, la parole de Dieu Or cette compréhension n’est pas exacte. La Bible a certes été écrite sous l’influence de Dieu mais elle n’en est pas, mot pour mot, l’expression de la parole de Dieu. Ses rédacteurs peuvent être vus comme des médiums inspirés sans toutefois que leurs propres pensées soient écartées.

Il est très important de comprendre que la Bible dans sa forme actuelle est avant tout le fruit d’une longue tradition orale qui s’est transmise de génération en génération et qui, par la suite, a fait l’objet de nombreuses copies et recopies. Les moines copistes ne se sont d’ailleurs pas contentés de se comporter comme des automates à l’image des photocopieurs modernes, mais ils ont, au cours de leur travail, remplacé un mot par un autre ou déplacé une phrase afin, selon eux, de rendre le texte plus lisible. La Bible est donc un texte vivant qui continue à vivre et qui continuera à vivre au cours des temps à venir.

De plus il est essentiel de réaliser que les divers textes bibliques ont été écrits dans un style qui était caractéristique du style des divers écrits de l’époque. Les formulations sont les mêmes, la phraséologie est la même. Nous pouvons donc comprendre que auteurs de la bible était formés d’une certaine manière à l’écriture de ses textes. Comme certains de ces récits ont été écrits à une époque de très grande violence, il n’est donc pas étonnant de retrouver cette violence dans les textes bibliques.

LA BIBLE EST LE SUPPORT DE LA RÉVÉLATION DIVINE

Lorsque l’on dit que Dieu parle à travers la Bible, il est important de comprendre que la Bible est le support de la révélation Divine. Cependant, encore une fois, la Bible n’est pas la parole de Dieu au mot près. Il n’y a pas deux manuscrits identiques. La bible est issue d’une longue tradition orale qui s’est transmise de génération en génération. Plutôt que les mots exacts, c’est le message qui est important. Les auteurs ont avant tout voulu témoigner de leur foi, de leur expérience de Dieu, ils ont retranscrit leurs expériences par écrit. Les générations se sont succédées pour faire vivre le texte, l’étoffer, le parfaire, le parachever, le transmette durant deux millénaires c’est pourquoi nous avons ce texte aujourd’hui et donc tout cela peut nourrir notre foi.

Il est donc très important de ne pas faire dire à la Bible ce qu’elle ne veut pas dire. Prenons l’exemple de l’homophobie, c’est à dire la condamnation de l’homosexualité. Comme il est dit « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme, c’est une abomination devant l’éternel.» La condamnation semble donc absolue et sans équivoque. Cependant si on lit cette même phrase dans le texte original, le sens est nettement moins évident. Certains mots employés font débat.

LIRE LA BIBLE AVEC SAGESSE

Il est très important de replacer chaque récit biblique dans son contexte afin ne pas lui faire ce qu’il ne veut pas dire. En fait il est très facile de faire dire à la Bible ce que l’on veut qu’elle nous dise. Le but de la Bible n’est pas d’imposer un dogme. Deux versets côte à côte peuvent dire exactement le contraire. Il est donc très important de relativiser et de faire preuve d’intelligence et de comprendre que certains versets peuvent recommander une certaine attitude alors que d’autres versets peuvent recommander une autre attitude.

Il est très important de comprendre que la Bible telle que nous la connaissons aujourd’hui n’est pas forcément la Bible telle qu’elle fut écrite mais qu’elle a subit souvent de modifications, ajouts ou suppressions au cours des siècles. Cette remarque est particulièrement vraie pour le Nouveau Testament dans la mesure où le texte original était plus un squelette que d’un texte définitif. Le Nouveau Testament en particulier est le reflet des croyances des premières églises établies qui voulaient exercer un profond contrôle sur la communauté des croyants.

Il est donc fondamental de garder une distance avec le texte et de garder à l’esprit que l’on peut toujours trouver dans la Bible une justification à nos croyances et qu’en conséquence que l’on peut faire à la Bible ce qu’on veut qu’elle nous dise. Il est donc essentiel de garder une certaine distance avec le texte Biblique et d’approfondir nos connaissances sur divers sujets et de réaliser qu’un certain nombre de dogmes n’ont aucun fondement biblique. C’est le ca en particulier de la croyance au pouvoir salvateur du sang de Jésus ou la croyance en l’existence d’un péché qui sa transmettrait de génération en génération et qui pourrait être effacé par une simple cérémonie quel que soit le nom donné à cette cérémonie : c’est le dogme du péché originel.

Pour terminer et pour illutrer la nécessité de garder une distance avec les textes bibliques et en particulier de garder une distance par rapport aux évangiles, il convient de lire les propos prononcés par Judas dans son message du 13 Novembre 2001 initulé la jeunesse de Jean Baptiste et Jésus. « En fait, je suggère que les Évangiles ne sont ni des faits ni des récits biographiques, mais qu’ils contiennent plutôt une ébauche de culte, et que tous les morceaux et les fragments connus de la vie de Jésus, ainsi que quelques fictions, ont été compilés de manière à satisfaire, sous la forme d’un récit, le besoin de culte de l’église primitive. C’est ainsi que les Évangiles sont nés. Différentes traditions de culte ont apporté leur lumière aux divers récits évangéliques. »

Pour aller plus loin dans cette réflexion, différents textes sont disponibles dans le dernier chapitre de la section consacrée aux enseignements de Jésus et intitulé Il y a un certain nombre d’erreurs dans la Bible. Il est vivement conseillé à chacun de faire ses propres recherches afin d’établir ses propres conclusions. Parmi les liens à consulter, nous suggérons le lien ou les divers textes relatifs à la série de Bd de Brunor connues sous le titre les Indispensables.

Source : Entretien avec Michel Langlois enseignant à la faculté de théologie protestante de Strasbourg. Chercheur au CNRS, Michel Langlois a passé deux ans dans le centre de recherche français à Jérusalem et à l’école biblique et archéologique française de Jérusalem où il a effectué des travaux de recherche sur la bible et sur l’histoire de la bible. Il est un archéologue spécialisé dans le déchiffrement des inscriptions lors des fouilles archéologiques.