Sujets Spirituels

A propos du sacrifice d’Isaac par Abraham

SUR LE SENS DU SACRIFICE

Dans les temps reculés, tous les lieux étaient le fief des Dieux. Il ne fallait surtout pas les fâcher. Tous les peuples, toutes le cultures ont trouvé des façons de ne pas le courroucer. Le concept d’offrandes, de sacrifices et même du sacrifice suprême s’est développé et imposé. Ce n’est qu’avec Abraham que Dieu a révélé qu’il ne voulait pas de sacrifice humain. Le Dieu d’Abraham déteste le meurtre et le sacrifice humain. Néanmoins, cette idée s’est imposée par étapes. Ce ne fut pas simple, car le peuple d’Israël a été tenté par le culte sacrificiel des Cananéens voisins. Pour passer de l’habitude ancestrale des sacrifices humains à Zéro sacrifice, il a fallu une étape intermédiaire : les sacrifices animaux. Nous pouvons donc de cette façon réellement comprendre qu’à travers Abraham, Dieu voulait enseigner au peuple Juif l’interdiction du sacrifice humain.

Lévitique 18:21 : « Tu ne donneras aucun de tes enfants pour le faire passer par le feu en l’honneur de Moloch, et tu ne profaneras pas le nom de ton Dieu. »

Isaïe 1:11-18 : « Que m’importe le multitude de vos sacrifices ? Dit Dieu. J’en ai assez de vos holocaustes de béliers et de la graisse des veaux, je ne prends pas plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. Quand vous venez vous présenter devant ma face, qui vous a demandé de fouler mon parvis ?

Isaïe 1:13-17 : « Ne continuez pas à m’apporter de vaines oblations. Quand vous multipliez vos prières, je n’écoute pas. Vos mains sont pleines de sang …. Recherchez la justice, redressez l’oppresseur, faites droit à l’orphelin, défendez la veuve (Isaïe I, II).

Zéro sacrifice humain  ===> zéro sacrifice animaux ====> Nouvelle humanité

A l’opposé des sacrifices humains exigés par le paganisme, on trouve le respect de tout être humain tel qu’il est enseigné par les prophètes d’Israël. Le peuple Hébreu a été le premier peuple à interdire l’esclavage. Le peuple Hhébreu a pu évoluer non pas parce qu’il était le meilleur mais grâce au travail considérable accompli par les prophètes, ce qu’ils ont fait le plus souvent au péril de leur vie.

LE SACRIFICE D’ISAAC RAPPORTÉ DANS LA BIBLE : GENESE 22:1-19

Alors que les promesses que Dieu avait faites à Abraham semblent s’être réalisées, Il lui demande de prendre son fils unique aimé, Isaac, dans le pays de Moriah, et de l’offrir en holocauste. Tôt le lendemain, Abraham sangle son âne, coupe le bois pour l’offrande et fait route avec ses deux serviteurs et Isaac vers le lieu prévu. Arrivés après trois jours de marche, il y monte seul avec Isaac, prend la pierre à feu et le couteau et place le bois sur Isaac. Lorsque Isaac demande à Abraham où est le bélier pour l’offrande en holocauste, Abraham répond que « Dieu y pourvoira ».

Arrivé à l’endroit que Dieu avait nommé, Abraham construit l’autel, pose le bois, lie Isaac, l’étend sur l’autel, et lève la main pour abattre son fils. Un ange de Dieu l’arrête, lui disant de ne pas lever la main contre son fils (« Ne porte pas la main sur ce jeune homme, ne lui fais aucun mal !… ton fils, ton fils unique ! ») , car à présent, Dieu sait qu’Abraham le craint, car il ne lui a pas dérobé son fils. Un bélier qui s’était pris les cornes dans un buisson est sacrifié sur le lieu, nommé Adonaï-Yirè (« Dieu-pourvoira »)11. Abraham est béni d’une descendance nombreuse et victorieuse, et toutes les nations de la Terre seront bénies par ses descendants.

Abraham retourne à ses serviteurs, et ils partent pour Beer-Sheva, où Abraham réside, jusqu’à la mort de Sarah.

INTERPRETATION CONVENTIONNELLE : UNE MISE A L’EPREUVE

Ce récit est présent dans les trois grandes traditions monothéistes dont l’interprétation traditionnelle est la même. Il s’agit là d’une épreuve pour jauger le degré de foi d’Abraham. Le récit met effectivement en relief la foi du patriarche. Il accrédite l’idée que Dieu demande qu’on lui sacrifie tout, même l’être le plus cher. Le premier verset présente d’emblée Dieu qui met Abraham à l’épreuve1 (« Après ces événements, il arriva que Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham » ; il répondit : « Me voici. »).

LES SACRIFICES D’ENFANTS : UNE COUTUME

La crainte de Dieu est présente tout au long de la tradition élohiste1. Selon l’Élohiste, l’épreuve est pour Dieu une façon de tester la fidélité du peuple. Mais cette mise à l’épreuve appelle de nombreuses questions. Comment Dieu peut-il demander à Abraham de sacrifier son « fils, son unique, celui qu’il aime », en vue d’éprouver sa foi ? Pour mettre Abraham à l’épreuve, Dieu ne pouvait-il pas exiger autre chose ? Que faut-il penser d’un tel Dieu ? Et que faut-il penser d’Abraham se prêtant à un infanticide pour obéir à Dieu ? N’enfreint-il pas l’ordre formel de ne pas commettre de meurtre (Exode 20,13), opposant ainsi Dieu à Dieu ? Bref, ce récit est difficile à entendre, à moins qu’Abraham ait mal compris l’ordre divin.

Le rite cananéen des sacrifices d’enfants s’était introduit en Israël et il était pratiqué dans la vallée de la Géhenne (hébr. biblique gē-Hinnōm « vallée de Hinnom », vallée au sud de Jérusalem, où des Juifs idolâtres offraient des enfants en sacrifice au dieu Moloch). Moloch ou Molech (mlk signifie « régner, être roi ») est une divinité dont le culte était pratiqué dans la région de Canaan selon la tradition biblique.

2 Rois 23-10 : Il (le roi Josias : 648-609) profana le Tophèt de la vallée de Ben-Hinnom, pour que personne ne fît plus passer son fils ou sa fille par le feu en l’honneur de Molek.

Jérémie 7-31 : Les fils de Juda ont construit les hauts lieux de Tophèt dans la vallée de Ben-Hinnom, pour brûler leurs fils et leurs filles.

Ce culte est sans rapport avec la loi du rachat des premiers-nés mâle (Exode 13,12 : tu consacreras à l’Éternel tout premier-né, même tout premier-né des animaux que tu auras : les mâles appartiennent à l’Éternel). Le verset décrivant le culte de Molech parle « des fils et des filles » qui sont « passés par le feu ».

Le sens de ces rites est aisé à saisir ; ce sont des holocaustes plus précieux que tous ceux qu’on offrait d’ordinaire. Ils créaient entre la divinité et ceux qui les offraient un lien plus fort et plus étroit que tous les autres sacrifices, car, en offrant son fils, on offrait une partie de soi-même. On se rendait parfaitement compte de l’énormité de l’acte et l’on espérait secrète -ment que les forces ainsi mises en jeu parviendraient à contraindre le dieu s’il ne voulait s’exécuter de bonne grâce.

L’INTERDIT DES SACRIFICES HUMAINS

Les sacrifices humains sont contraires à tout l’esprit de la religion d’Israël. Ils sont condamnés par la loi :

Deutéronome 12-31 : Tu ne feras pas ainsi envers Yahvé ton Dieu. Car Yahvé a tout cela en abomination, et il déteste ce qu’elles ont fait pour leurs dieux : elles vont même jusqu’à brûler au feu leurs fils et leurs filles pour leurs d ieux !

Deutéronome 18-10 : On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie.

Lévitique 18-21 : Tu ne livreras pas de tes enfants à faire passer à Molok, et tu ne profaneras pas ainsi le nom de ton Dieu. Je suis Yahvé.

Ils sont combattus énergiquement par les prophètes. Jérémie en particulier est très virulent contre le haut-lieu de Topheth dans la vallée de Hinnom :

Jérémie 7-31 : Oui, les fils de Juda ont fait ce qui me déplaît. Ils ont installé leurs Horreurs dans le Temple qui porte mon nom, pour le souiller ; ils ont construit les hauts lieux de Tophèt dans la vallée de Ben-Hinnom, pour brûler leurs fils et leurs filles, ce que je n’avais point ordonné, ce à quoi je n’avais jamais songé. Aussi voici venir des jours, dit l’Éternel, où l’on ne dira plus Tophèt ni vallée de Ben-Hinnom, mais vallée du Carnage.

Le récit biblique de l’histoire du sacrifice d’Isaac nous enseigne une antique mise en garde contre de pareils sacrifices. Dieu a le droit de réclamer le fils qu’il a donné, mais il ne veut pas qu’il soit mis à mort ; il le fait remplacer par un bélier.

UNE INTERROGATION SUR LE SENS DE CETTE MISE A L’ÉPREUVE

Cette interrogation est issue de commentaires exprimés par André Gounelle, Professeur émérite de la faculté de théologie protestante de Montpellier et par Pierre Alarie, bibliste à Montréal.

Le premier ordre d’Élohim n’est probablement rien d’autre qu’une référence à la coutume qui contraint les pères à brûler leur premier-né. On considère, en général, que ce récit comporte une polémique contre les sacrifices d’enfants, coutume fréquente au Proche Orient et même systématique à certaines époques chez les Phéniciens. Ils croyaient en des divinités hostiles qui exigeaient qu’on leur immole les premiers-nés pour accorder au reste de la famille le droit de vivre. L’aîné représentait en quelque sorte le prix à payer pour les autres. Il rachetait ceux qui naîtraient ensuite. On a trouvé en Palestine des milliers de petites stèles triangulaires dont chacune évoque le sacrifice d’un premier né. On en a découvert également à Carthage (terre phénicienne). Sacrifier un premier-né passait pour un acte de piété non seulement normal, mais aussi nécessaire, indispensable. En conduisant Isaac à la mort, Abraham ne fait rien d’extraordinaire. Il se plie à un usage répandu, et parfois obligatoire.

Il paraît possible, voire probable que les Israélites ont également immolé des enfants. Mais, très tôt, avant leurs voisins, ils ont interdit cette pratique, et ils l’ont fait en se fondant sur ce récit. Quand Abraham va tuer son fils, l’ange arrête son bras, ce qui veut dire que Dieu ne veut pas qu’on lui sacrifie les premiers-nés. Dans le second livre des Chroniques, au chapitre 33, on mentionne le roi Manassé qui a voulu introduire ou réintroduire en Israël des cultes cananéens, et probablement (une indication le laisse supposer) les sacrifices d’enfants. On pense en général que le récit du sacrifice d’Isaac a été écrit à ce moment-là pour protester contre cette pratique (Manassé, fils d’Ézéchias, a été roi de Juda durant 55 ans, dans la première moitié du VII siècle av. J.-C., après la chute de Samarie).

Un élément vient peut-être conforter ce second thème. Il s’agit de la manière dont Dieu est nommé dans ce récit. En hébreu, nous avons deux mots principaux pour Dieu. D’abord, El ou Élohim, terme générique qui désigne les divinités et qui correspond à Theos en grec ou à Deus en latin. Ensuite Yahwé, qui équivaudrait plutôt à Zeus ou Jupiter, un nom propre ou personnel, que les juifs déclarent imprononçable. Ils disent à la place Adonaï, c’est à dire Seigneur. Or, au début du récit, on désigne Dieu par Élohim. Quand, plus tard, l’ange intervient, le texte l’appelle « ange de Yahwe », et plus loin c’est Yahwe qui voit ou pourvoit. Alors, s’agit-il du même Dieu au début et à la fin ? Au départ, on aurait un Élohim quelconque (pourquoi pas une divinité phénicienne?) qui demanderait le sacrifice d’Isaac, et à la fin le Dieu d’Israël Yahwe qui s’interpose pour arrêter ce sacrifice.

En tout cas, il paraît hautement vraisemblable que ce récit du sacrifice interrompu d’Isaac traduit la découverte par le Judaïsme qu’offrir un enfant à Dieu signifie le consacrer et non le sacrifier (André Gounelle).

Selon une ancienne tradition, suivie par la psychanalyste Marie Balmary, Dieu ne demande pas « d’immoler » et de « sacrifier » - comme le comprend Abraham -, mais de le « faire monter » (signification littérale du verbe hébreu), c’est-à-dire de l’élever vers le ciel, de le consacrer à Dieu. Du coup, le sens du récit s’éclaire : Dieu n’est pas un Dieu meurtrier, mais le Dieu qui sauve.

L’interprétation psychanalytique avance l’idée que ce récit présente un Dieu qui, pour faire comprendre à Abraham qu’il fait erreur sur la volonté divine, se comporte avec lui comme un « pédagogue ». Si, dans un premier temps, Dieu accepte d’être pris pour un Dieu idole, c’est pour mieux se révéler comme un Dieu libérateur. Car, en arrêtant le sacrifice, il libère Abraham, non seulement dans sa relation à son Dieu, mais aussi dans sa relation à ce fils qui lui a été donné dans la mouvance de l’Alliance. Le Dieu qui semblait contraindre Abraham à sacrifier Isaac, c’est, à l’évidence, le Dieu de la violence, celui de la tradition et de presque toutes les cultures anciennes, alors que le Dieu qui lui fait délier Isaac, c’est le Dieu des victimes, celui qui s’exprime au cœur des hommes libérés des lois tribales (Pierre Alarie).

COMMENTAIRES DE BRUNOR, PSEUDONYME POUR BRUNO RAGOURDIN, DESSINATEUR ET AUTEUR DE LA SERIE DE BANDES DESSINEES « LES INDISPENSABLES »

Brunor, nom de plume de Bruno Rabourdin, est un illustrateur et un scénariste de bande dessinée français, né le 24 mars 1955. Il est l’auteur et l’illustrateur de la série de bandes dessinées : Les Indispensables qui propose une véritable enquête sur l’existence de Dieu.

Certains mots de la bible en hébreu ont dérangé les traducteurs qui les ont plus ou moins escamotés. C’est le cas du verbe laassote= POUR FAIRE qui avait été oublié depuis des siècles dans nos versions françaises de la Genèse. Revenir aux sources nous permet, une fois de plus d’en estimer la richesse. De même que bereschit ne veut pas dire « au commencement » mais « pour un commencement. »

Dans le chapitre 22 de la Genèse, il est écrit : Au sujet du sacrifice d’Isaac par Abraham

« Va sur la montagne de …. Et là tu offriras ton fils unique Isaac en Holocauste. »

Toutes les différentes traductions de la Bible parlent d’offrir Isaac en Holocauste. Dans la version littérale Hébreu – Français, il est écrit « Prends ton fils, ton unique, et fais-le monter en Holocause. Cependant, dans son livre « Le Sacrifice Interdit », Marie Balmary écrit « Prends ton fils, ton unique et fais le monter en Montée. Il n’y a plus la traduction « en Holocauste ».

COMPRÉHENSION DE L’OFFRANDE SACRIFICIELLE

Sens premier : Action sacrée par laquelle une personne ou une communauté, offre à la divinité, selon un certain rite, et pour se la concilier, une victime mise à mort (réellement ou symboliquement) ou des objets qu’elle abandonne ou brûle sur un autel.

Autre sens : holocauste, immolation, oblation, offrande.

Dieu ne demande pas à Abraham de sacrifier son fils. C’est seulement ce qu’Abraham, qui venait d’une traduction sacrificielle, a cru comprendre.

En hébreu le mot qui est traduit par Holocauste est une interprétation. Dans le texte hébreu, le mot Holocauste ou le mot Sacrifice ne sont pas présents.

Littéralement, dans le texte biblique original, il est écrit : « Quant à toi, va vers le pays de Morilla, et fais-le monter en montée. »

« Faire monter en montée est un Hébraisme. » Les traducteurs n’ont pas pu comprendre le sens de cette expression qui semblait n’avoir pas de sens. Vu le contexte du récit, les traducteurs ont pensé qu’ils pouvaient traduire par faire monter en Holocauste. Les traductions sont donc souvent des interprétations. Dans la bible on trouve plusieurs hébraïsmes de ce genre. Autre exemple : Si vous mangez du fruit défendu, mourir vous mourrez.

Le récit de cette histoire est à l’origine d’un malentendu. Au sens propre, Abraham a effectivement mal entendu, il a cru que Dieu lui demandait de sacrifier son fils Isaac Abraham a interprété la parole de Dieu, il fut simplement influencé par la tradition sacrificielle de son temps qui exigeait le sacrifice des premiers nés. La substitution finale du Bélier est le symbole de la fin des sacrifices humains et des idoles. Abraham est passé d’un Dieu de la mort à une loi divine qui protège la vie.

AUTRES EXEMPLES DE MALENTENDUS

Genèse 1-1 : « Au commencement, Dieu créa le Ciel et la Terre »

Lorsque le mot Béréchit est utilisé, on parle d’un premier commencement qui sera peut-être suivi d’autres commencements. Berechit veut textuellement dire « En vue d’un commencement » ou Pour un commencement. Lorsqu’il est dit Dieu créa le Ciel et la Terre (au sens réel des mots), il faut plutôt comprendre que Dieu a voulu dire qu’au commencement Il a créé l’Univers entier. Lorsque l’on traduit, au commencement Dieu créa cela laisse supposer que Dieu a créé instantanément l’Univers. Il faut plutôt lire « En vue de créer l’Univers, voici comment je vais procéder. » Cette première phrase doit plutôt être comprise comme une tête du chapitre où Dieu va expliquer comment il va procéder pour créer l’Univers.

Genèse 2-3 : « Au septième jour, Dieu se reposa ». Si on consulte la tradition de la bible mot à mot, il est écrit « IL bénit, Dieu, le jour le septième et il consacre à lui car en lui il s’était arrêté de tout son ouvrage que Dieu avait créé en faisant ». Or selon les spécialistes de la langue hébraïque, « en faisant » n’est pas la bonne traduction. Ce serait plutôt « pour faire ». Les traducteurs n’ont pas vu l’intérêt de cet Hébraïsme « Créer pour faire » et ils ont supprimé les mots « pour faire ».

En fait, selon certains pères de l’Église comme St Irénée ou d’autres, il faut comprendre la phrase de cette façon « Le 7ème jour, après avoir créé l’Homme, Dieu a fait une pause dans Sa création afin d’attendre que l’Homme soit capable de continuer, AVEC LUI, Son œuvre de création. » Avec la venue de l’Homme, il se passe quelque chose de nouveau, la Création change de régime avec la liberté accordée aux Hommes, à qui il a été donné un cerveau beaucoup plus volumineux, capable de recevoir un Nishmat, un esprit, c’est à dire toutes les capacités humaines comme la Volonté, la Liberté, la raison, l’intelligence, la conscience, la capacité d’aimer, la capacité de créer en étant artiste comme Dieu, non en créant à partir mais plutôt en assemblant l’existant.

Mais avec la venue de l’Homme dotée de la liberté, de la conscience réfléchie, l’Humanité entre dans une zone de risques et c’est ce que raconte le livre de la Genèse avec le récit de l’arbre du connaître le Bon et le Mauvais. Avec la réponse que Jésus donne à l’aveugle qui lui demande si ce sont ses parents qui sont responsables, Jésus contredit la croyance d’une faute qui se transmet. En lisant correctement l’hébreu, il est possible de voir qu’il n’y a pas de malédiction sur 4 générations mais des soins attentifs sur 4 générations. Les Orthodoxes parlent de liberté tragique de l’Homme capable de s’autodétruire en absorbant toutes de sortes de substances illicites ou de détruire son prochain et même la planète entière. L’animal a l’état sauvage ne le fait pas, il sait ce qui est bon pour lui. C’est un genre de connaissance innée qu’il possède et que l’Homme a perdu.

Le mot faisons dans le Bible est aussi une indication que Dieu veut continuer son œuvre de Création avec l’Homme. A ce sujet, lors du 3ème Concile de Constantinople en 681, il a été affirmé que dans la Trinité, il n’y a pas 3 volontés mais une seule.

Selon le récit de la Genèse, Dieu aurait demandé à Abraham de sacrifier Isaac son fils unique. Selon la Bible, Dieu veut mettre Abraham à l’épreuve, mais ne souhaite pas le sacrifice lui-même, puisqu’il envoie un ange l’arrêter au dernier moment, et fournit un bélier en remplacement.

Dans la tradition Juive, cet épisode est désigné comme la « ligature » d’Isaac (akeda) car Dieu ne demande pas explicitement à Abraham de tuer son fils. Le souvenir de la ligature d’Isaac est commémoré à chaque nouvelle année Juive, lors de la fête de Rosh Hashana. Dans la tradition musulmane, le sacrifice d’Abraham est l’acte fondateur de l’abandon total de la créature à son créateur : le symbole de la confiance absolue en la volonté divine. Son souvenir est commémoré chaque année par la fête du sacrifice ou Aïd al-Adha où l’on sacrifie rituellement un mouton. Car Abraham sacrifia un mouton à la place de son fils.

LE POINT DE VUE DE MARC ALAIN OUAKNIN

Lors de l’émission « Origines » sur France 2 du 13/09/2020 et à l’occasion de la fête Juive « Roch Hachana » (fête du Nouvel An Juif), Marc Alain Ouaknin parle son livre « La Génèse de la Génèse », lequel est une nouvelle traduction des 11 premiers chapitres de la Bible. Marc Alain Ouaknin est le fils du grand Rabbin Jacques Ouakin qui a présidé successivement depuis 1959 aux destinées spirituelles des communautés juives de Champagne-Ardenne, du Nord-Pas-de-Calais, de la Moselle, de Marseille et des Alpes-de-Haute-Provence. Marc Alain Ouaknin a étudié au séminaire Israélite de France au cour des années 1977 à 1982 mais il n’a pas reçu le diplôme de rabbin.

A propos du sacrifice d’Isaac par Abraham, Marc Alain Ouaknin exprime l’idée que ce passage biblique est, sans équivoque, une « leçon de texte ». C’est une véritable mise en scène, théâtrale, dramatique, pour dire qu’à partir d’Abraham il ne sera plus jamais possible qu’au nom de Dieu, d’une valeur supérieure, ou du Bien, on se croie autoriser à porter la main sur un autre homme. Ce qui est révolutionnaire dans ce récit, c’est précisément que le sacrifice d’Isaac ne se réalise pas ! Si on entend bien ce message, cela veut dire : jamais de violence parmi les hommes à cause de Dieu !

LE SACRIFICE DANS LA MYTHOLOGIE GRECQUE

Dans la mythologie grecque, Athamas de Béotie tend la main pour immoler son fils Phrixos mais Héraclès envoyé par Zeus crie à Athamas d’épargner son fils et le bélier appelé Chrysomallos, envoyé par Zeus, apparaît alors.

Selon certaines interprétations, le sacrifice d’Abraham signifierait la fin des sacrifices humains, pratique qui aurait perduré chez d’autres peuples sémitiques. Les Phéniciens (carthaginois en particulier) continuèrent à sacrifier les premiers nés mâles en gage de fécondité dans les sanctuaires de Tanit et de Baal Hamon. Les lieux où se pratiquaient ces sacrifices sont appelés tophets. Ce rite se serait prolongé jusqu’au IIe siècle av. J.C. d’après les fouilles effectuées en Sardaigne, en Sicile et à Carthage. Dans cette perspective, Abraham aurait accompli un rite ethnique cohérent avec la promesse d’une nombreuse descendance.

SUR LE VÉRITABLE SENS DU SACRIFICE2

L’histoire biblique retrace une lente conversion sur le sens du sacrifice et également sur la nature de Dieu. Le peuple Hébreu apprend progressivement à quitter la logique du calcul et du mérite pour entrer dans celle du don gratuit. Passer d’un Dieu qui approuve les sacrifices sanglants à un Dieu amour demande du temps. Le rôle des prophètes dans cette conversion est déterminant.

1 Samuel 15:22 : Samuel dit alors : Le SEIGNEUR aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à la parole du SEIGNEUR ? Non ! L’obéissance est préférable au sacrifice, la docilité à la graisse des béliers.

Michée 6:7-8 : L’Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, Des myriades de torrents d’huile ? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, Pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles ? On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien ; Et ce que l’Éternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu.

Isaïe 1:11-17 : Qu’ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de souiller mes parvis ? Cessez d’apporter de vaines offrandes : j’ai en horreur l’encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; je ne puis voir le crime s’associer aux solennités. Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes ; elles me sont à charge ; je suis las de les supporter. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions ; cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l’opprimé ; faites droit à l’orphelin, défendez la veuve.

Isaïe 58:6-7 : Le jeûne que je préfère, n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs ! N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé ? Et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu’un nu, tu le couvriras : devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas.

Ecclésiastique 35:2-5 : Observer la loi c’est multiplier les offrandes, s’attacher aux préceptes c’est offrir des sacrifices de communion. Se montrer charitable c’est faire une oblation de fleur de farine, faire l’aumône c’est offrir un sacrifice de louange. Ce qui plaît au Seigneur c’est qu’on se détourne du mal, c’est offrir un sacrifice expiatoire que de fuir l’injustice.

La réconciliation avec son frère passe avant toute offrande à l’autel (Mt 5,23-24). Jésus enseigne d’ailleurs lui-même la primauté de la miséricorde et de l’amour sur les sacrifices :

Marc 12:33 : Aimer Dieu de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices.

Matthieu 9:13 : Allez, et apprenez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices.

Le sacrifice Chrétien ne consiste pas à donner à Dieu une chose qu’il ne posséderait pas sans nous, mais à nous rendre disponibles et réceptifs et à nous laisser saisir totalement par Lui. « Laisser Dieu agir en nous, voilà le sacrifice Chrétien », écrit Joseph Ratzinger qui, ultérieureement, en 2005, a été élu pape et a pris le nom de Benoist XVI. (Joseph Ratzinger, La Foi chrétienne, hier et aujourd’hui, Cerf).

Le sacrifice consiste à « faire du sacré » pour entrer en communion avec ses frères et avec Dieu. Le sacrifice expiatoire et sanglant est dénoncé au profit d’une éthique de la justice et de la miséricorde. Le Christ a remplacé la logique de rétribution par la logique de miséricorde. 

Le don de soi au jour le jour ne veut pas la mort, mais assume le risque de la souffrance lié à l’amour. En ce sens, on peut parler de la mort d’Arnaud Beltrame comme d’un sacrifice, car il a donné sa vie en servant et en acceptant le risque de mourir au bénéfice d’un autre.

« Nous le savons bien ! Faire des prières n’est pas exactement prier. Et Dieu n’attend pas de nous des gestes ou des dons extérieurs. C’est la question qu’Il se pose dans le psaume 50 : « Mangerais-je la chair des taureaux ? Boirais-je le sang des boucs ? ». Le geste liturgique qui prend sens et valeur dans le Nouveau Testament doit exprimer une transformation intérieure pour vivre le commandement que Jésus donne : aimer Dieu et son prochain. Il n’y a pas d’autre sacrifice que celui-là. Et c’est bien un sacrifice dont il ne faut rejeter en rien la notion. Ce que nous devons bannir est le faux sacrifice, le sacrifice purement rituel et extérieur, l’accomplissement que produiraient certains gestes convenus. La lettre aux Hébreux le dit bien : les sacrifices sanglants n’ont jamais été que des esquisses. « Le vrai sacrifice - comme le définit St Augustin- est toute bonne œuvre qui contribue à nous unir à Dieu dans une sainte société, à savoir toute œuvre rapportée à ce bien suprême, l’union à Dieu, grâce auquel nous pouvons être heureux » (Cité de Dieu X, 6). Ce que faisait déjà entendre le psaume 39 : Tu ne voulais ni offrandes, ni sacrifices. Alors j’ai dit : « voici, je viens faire Ta volonté » et que St Augustin traduit de manière Chrétienne.

Lorsque Jésus dit, en reprenant la parole du prophète Osée : « c’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice », il n’exclut pas le « sacrifice » pour le remplacer par la « miséricorde ». Il nous fait comprendre que le vrai sacrifice est la miséricorde. Il ajoute d’ailleurs : « je ne suis pas venu abolir la loi mais l’accomplir » c’est-à-dire permettre à cette loi de manifester son vrai sens. Et chacun de nous le sait bien : mener sa vie selon la loi ne va pas sans sacrifice si l’on n’oublie pas que cette notion reflète aussi une dimension de pénibilité. Car, reconnaissons-le ! : renoncer aux mensonges, à la dérision, aux hypocrisies de toutes sortes comme refuser de poursuivre des buts égoïstes est pénible.

Le Christianisme est une religion du cœur où tout rite ne prend sens que s’il traduit et engage une conversion intime et où le sacrifice, le vrai, se déploie dans l’exercice d’une miséricorde bienfaisante. (Source : https://catechese.catholique.fr/outils/conference-contribution/618-reflexion-sur-la-notion-de-sacrifice/) »

SUR LE SACRIFICE DE JÉSUS SUR LA CROIX ET LE SENS DE LA MESSE

Selon le point de vue Chrétien traditionnel, Jésus s’offre lui-même en sacrifice pour le pardon de nos péchés et pour notre salut. Jésus meurt pour nos péchés. Le Nouveau Testament désigne Jésus comme l’agneau immolé (Ap 5,6) ou encore comme la victime expiatoire (1Jn 2,2).

Aux origines de l’Église, le christianisme retient le terme « hostie », du latin hostia, pour désigner Jésus comme victime expiatoire. Le mot latin est quasiment synonyme de « victime ». Les Romains nommaient hostia les animaux sacrifiés aux divinités. Le terme désignait aussi les soldats morts à la guerre, victimes de l’attaque ennemie pour défendre l’empereur et la patrie. La même racine se retrouve dans le mot latin hostis, pour désigner l’ennemi (hostile, hostilité).

Le Christianisme, au contact de la culture latine, a inclus dans son langage théologique et liturgique le mot « hostie » pour désigner Jésus comme « victime ». Jésus est l’hostie, c’est-à-dire l’agneau immolé (sacrifié), la victime expiatoire qui verse son sang pour sauver l’humanité.

Or, si l’on comprend le sens profond du pseudo sacrifice d’Isaac par Abraham, il devient essentiel de donner un sens nouveau au “sacrifice” de Jésus sur le croix et de bien comprendre que d’une part la mort de Jésus sur la croix n’était pas voulue par Dieu et que d’autre part la mort de Jésus sur la croix n’efface pas les péchés de l’humanité.

Le vrai sens de la mission de Jésus et de sa mort sur la croix est traitée dans le sujet Un résumé de l’enseignement de Jésus et plus particulièrement dans le 4ème point “La crucifixion n’est la source d’aucun salut” et dans le 9ème point “Le vrai sens de la mission de Jésus.”

  1. L’adjectif « Élohiste » se réfère à l’ensemble de textes du Pentateuque caractérisés par l’usage exclusif du nom “Élohim” pour désigner Dieu.

  2. Source : En conclusion, le véritable sacrifice

Pour aller plus loin :

Sacrifice d’Isaac
Vidéo de Brunor
Site de formation théologique
Sur le sens du sacré
Sur le sens du sacrifice religieux
Marie Balmary
Communication d’un ancien esprit, Leetelam, à James Padgett, le 13 Août 1915